Alimentation / Accès à la terre – L'Archipel des Non-Violences https://archipel.foodpath.eu Confronter nos représentations des non-violences, en particulier sur l'alimentation et l'accès à la terre Tue, 30 Jun 2015 12:41:34 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7.19 Tomato Souss https://archipel.foodpath.eu/2013/10/30/tomato-souss/ Wed, 30 Oct 2013 19:30:55 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=714

The taxis sea, in Inezgane

We are in the Souss region, in the south of Morroco. Casablanca is 5 hours driving north, Marrakech, 3 hours driving north-east. Welcome to Agadir ! A touristic city with its beach of fine sand, its royal ranches and golf courses. This is exactly what our taxi driver rushes to sell us, using a French tongue that he prefers to Arabic, since he has Berber origins. He presents his region with a dangerous naivety, ensuring that there is no lack of water. It only rains an average of 20mm per month, and all of the rivers that we cross, on this day of June, are totally dry.

The city extends its suburbs for several kilometers because of the economic development of the last 20 years. On the road of the agricultural plain, small trucks full of vegetables (turnips, beets, carrots, …) are crossing each other and walls protecting the crops hide the skyline. Sometimes greenhouses appear, sometimes just their metal skeleton dressed with tattered plastic pieces.

Arriving at the Plain

This agricultural plain is located between two rivers, Oued Souss on the North and Oued Massa on the South, along the ancient caravans’ path which were going up to the Rif mountains from Mauritania, and not so far from the commercial port of Agadir. So it is not surprising that this place was chosen to harvest vegatables for exportation : water capabilities, transport facilities … and plenty of workers. Cheap when the labor is Moroccan, and even less when it is from Sub-Saharan countries, especially from Senegal.

In the heart of the plain, Ait Amira, a far-west town built along a road where farmworkers and food are carried (human beings are carried in the same conditions as vegetables, accidents are common and often very critical). A town without cultural roots : nothing is Moroccan here, in this suburb without neither the common bread oven nor the hammam, that are constitutive of the urban units of life in any town’s district.

A street of Sidi Bibi, a village near Ait Amira
Two little girls in the streets of Ait Amira
Ait Amira

Hamid Mhandi

We find Hamid Mhandi, a union representative, in a café along the road. From the terrace we are looking at this strange city’s life. Women are rare in the streets. At a first sight, we should think that they’re staying at home, as usual. But here Hamid explains to us that they are at work, and they are hired more easily than men : they are hard workers, and they do not complain about the conditions of work, the labor hardships, or the wages… In fact Hamid’s wife had found a job before himself when they had arrived around 2003. This is totally shaking up Moroccan habits, which are Hamid’s habits too.

Hamid Mhandi at Ait Amira FNSA's HQ

Sitting around a nouss-nouss coffee, he tells us his story : the appalling working conditions in the greenhouses and how he joined a union… Before going forward in more political issues, he brings us to his union’s local HQ, the FNSA (National Federation of the Agricultural Sector). It’s a single level house made of raw concrete transformed into an office, the rooms are almost empty and echo with the sound of our voices. We sit on garden plastic chairs as we listen to Hamid’s foresight on workers’ conditions.

Conditions and Workers’ Struggles

Here we do not speak about peasants anymore, but about agricultural workers. Indeed Hamid’s story looks like class struggles in the mining industries in northen France or England, whereas the Moroccan society is traditionally and implicitly organized in social casts. Here, uprooted workers coming from all over Morocco (and Africa) do not get back the structural patterns they are familiar with. Without those benchmarks, they replace the traditional caste system for a social class system that recreates their lives and communities. Here it is poor workers against agricultural companies, particularly European and North American.

This class struggle allows Morrocan and Senegalese workers to overcome the gap between their nationalities and to claim altogether equality and improved working conditions. Since the 2004 new working laws in Morocco, the minimum wage is MAD 87 (€8.5) a day for 44 hours a week. However, the agricultural sector is an exception with its minimum wage of MAD 60 (€5.5) for 48 hours a week. In addition to these inequalities between legal workers, the arrival of undocumented workers lowers the legal wages. Today, wages can decrease to MAD 40 (€3.6) without any written working contract. Instead of being a source of xenophobia, this leads unions to want to join all companies, especially those that employ undocumented workers. Therefore, FNSA is fighting for the levelling of working conditions and not for a stigmatization of Senegalese or Sub-Saharan workers.

It’s around the Friday traditional familial couscous that a long digestion of this information can begin.

The Souss plain, Agadir in the North, the gray greenhouses in the middle... Surrounded by the Oued Souss and Oued Massa rivers.

Translated with the kind support of Renda Nazzal.

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Regards vers l’intérieur de la Plaine https://archipel.foodpath.eu/2013/06/30/regards-vers-linterieur-de-la-plaine/ Sun, 30 Jun 2013 19:30:32 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=580

À l’intérieur de la Plaine du Souss au Maroc, Aziz nous fait visiter la ferme de son oncle. Dans le Douar (village) Essalanhia la “terre” est comme ailleurs en ce début d’été : sèche, aride, pareille à du sable. Tout le système d’irrigation historique est encore en place : un puits de 10 mètres et un bassin et des canalisations en simili-béton parcourent les champs. Avec des jeux de regards, les travailleurs de la terre bouchaient une sortie pour en ouvrir une autre afin d’y guider l’eau. Dans les parcelles, des micro-digues forment des unités de quelques mètres carrés permettant là encore une répartition fine de l’irrigation. Mais ce système n’est plus utilisé. Dans les regards ancestraux les déchets communs partagent le volume avec des restes de tuyau servant au goutte-à-goutte qui a pris le relai. Non loin de la ferme, un moteur de voiture ronronne. Sorti de sa carcasse de R25 d’origine, il est maintenant alimenté au butane … énergie fortement subventionnée par l’État via la caisse de compensation, aujourd’hui largement remise en cause par le gouvernement islamique aux manettes. Une longue courroie fait tourner la pompe plongée dans son puits de plus de 100m de profondeur, seul maintenant en mesure de fournir l’eau nécessaire à la vie. Le bassin est passé de 5m2 à 25m2 et les canalisations historiques ont été remplacées par de longs tuyaux courant sur le sol et aboutissant dans les goutte-à-goutte quadrillant les champs.

La vie d’une ferme dans le Souss

Dans la ferme de l’oncle de Aziz on y cultive de la pomme de terre et des courges pour les souks locaux (3 par semaines à Sidi Bibi, Aït Amira et Inezgane) ainsi que du maïs ensilage et de la luzerne pour les bêtes. Sur les 3Ha cultivés, 9 vaches à lait cohabitent, les mêmes Prim’Holstein que l’on reconnaît facilement dans nos campagnes européennes par leur taille et leur robe tachetée blanche et noire. Il n’a pas assez plu cette année. Le niveau du puits a encore baissé. Les vaches restent donc dans leur enclos faute d’herbe à brouter. Certaines y semblent particulièrement en difficulté. Malgré les deux à trois campagnes de maïs par an, l’aliment produit sur la ferme manque et chaque sac coûte cher pour subvenir à leurs besoins…sans compter la classique carence en protéines liée au maïs ensilage qu’il faut combler par l’achat onéreux de compléments à base de soja (de provenance inconnue) lorsque la luzerne gourmande en eau ne suffit plus. La petite trayeuse permet quand même la production d’une centaine de litres de lait par jour, vendus 4 Dh (40c€) le litre hors transport. Sur la ferme, la vie semble rustique mais très correcte. La maison est bien habitée (salle de bain, salon marocain bien fourni, quelques chambres à coucher, et régulièrement un peu de viande au menu). Seule la question de l’eau semble réellement inquiétante sur les terres de l’oncle de Aziz. Le puits baisse chaque année… et les productions de la ferme en sont incroyablement dépendantes et particulièrement gourmandes sur cette terre aride, si ce n’est désertique.

La spiruline Berbère

Quelques centaines de mètres plus loin vers le Nord, Thomas Dussert Vidalet produit de la spiruline, cette algue bleue-verte très riche en protéines (7 fois plus que la viande), en vitamines et oligo-éléments. Elle est cultivée dans des bassins d’eau saline, brassée en permanence elle demande une attention de chaque instant. La ferme dispose d’un laboratoire très bien équipé, d’une unité de séchage et ensachage. Elle permet à cinq personnes d’y travailler en permanence. Ici aussi l’ancien puits d’une dizaine de mètres est à sec, remplacé par un profond forage et deux citernes – châteaux d’eau. Et ici aussi la diminution de la ressource inquiète. Pour autant l’activité économique y est florissante, les employés du village y sont plutôt bien lotis. Thomas écoule la production de la ferme principalement en France, mais arrive à trouver des débouchés localement : 10% vendus dans les souks locaux sous la dénomination de “Spiruline Berbère” et 1% est donné à deux orphelinats locaux. Entre voisins, on recherche l’entre-aide : la spiruline invendable pour la consommation humaine est donnée aux animaux du douar (village) et Aziz promet de revenir en prendre pour les vaches de son oncle : il paraît que les résultats sur la production laitière sont incroyables !

Abdou, le paysan-entrepreneur

Dans la ferme suivante, encore un peu plus au nord, Abdou (un ami de l’oncle de Aziz) cultive des légumes en plein champ. C’est les deux pieds nus dans la terre de son champ de patates, aux côtés de ses ouvriers, qu’il essaie de régler un problème avec son irrigation au goutte-à-goutte : les tubercules pincent les tuyaux dans leur trop forte croissance. Voilà des années qu’il économise Dirham par Dirham, patiemment et intelligemment, pour pouvoir construire sur ses terres deux serres de 1,2Ha chacune. Ses économies, de l’entre-aide et un peu de débrouille ont été suffisantes. Les deux serres sont presque prêtes. Le démarrage de la production de tomates est prévue pour la prochaine quinzaine. Un système d’irrigation-fertilisation ultra-perfectionné est en place. Installé par une entreprise spécialisée et 100% subventionnée par l’État Marocain, il est totalement informatisé : rien ne semble laissé au hasard. Pourtant Abdou ne lit et n’écrit presque pas, et avoue n’avoir jamais touché à un ordinateur. Là encore tout est pensé : il doit suivre une formation spécialisée avant la mise en marche du système. Dans ses serres, c’est 4 à 5 ouvriers qui sont prévus pour y travailler à l’année, sous contrat oral informel, et un gros renfort est prévu (en provenance de Belli Melal, une campagne déshéritée entre Fès et Marrakech) pour les récoltes. Dans sa ferme, les légumes très gourmands en eau qui y poussent doivent aller la chercher entre 60 et 100m de profondeur. À quelques kilomètres de là, il faut descendre encore au-delà de 150m… Un sursis pour Abdou.

L’instituteur Amazigh

Au détour d’une serre, Ali, un instituteur militant Amazigh (Berbère), décrit un peu sa vision de la Plaine du Souss : problèmes de scolarisation et analphabétisme chronique, vagues de migrations intenses depuis le Nord du pays, criminalité… et gros danger à l’horizon quant à l’accès à l’eau ! Pour lui il s’agit d’un lobby de familles “Fassi” via les sociétés agricoles qui pose tous ces problèmes dans la région… La mondialisation galopante et le libéralisme effréné semblent, selon lui, avoir bel et bien mis le Souss et ses habitants sous le couperet de la pénurie en eau. En attendant, la sueur des travailleurs de la terre continue d’attiser la soif de la région.

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Un jardin sans prétention https://archipel.foodpath.eu/2012/07/22/un-jardin-sans-pretention/ Sun, 22 Jul 2012 19:59:58 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=659 Ceci n’est pas un jardin sans prétention. Du fond de ses 7000 m2 de verdure flamboyante, on est loin des surfaces agricoles du Souss qui se comptent en millieurs d’hectares. Pourtant, ce sont des dizaines de cagettes remplies de légumes qui accueillent le visiteur de prime abord. Salades, basilic, radis, betteraves dont les senteurs subtiles s’échappent en cette fin de matinée ; tous s’entassent à l’entrée du jardin en attendant d’être distribués. Pendant que l’œil du visiteur continue sa balade, il découvre ce qui est produit ici, des charrettes défilent et viennent augmenter le nombre des cagettes. Ce sont les paysans des alentours, convertis à l’agro-écologie, qui apportent leur production hebdomadaire. Parce que les 7000 m2 sont en fait 13 Ha que cultivent une quinzaine de producteurs indépendants que le centre de formation Terre et Humanisme a accompagné et soutenu.

La vraie richesse de ce jardin, ce sont certes les valeurs qu’il incarne, mais ce sont avant tout les êtres humains et l’écosystème qui le fait vivre. La dignité portée sur le papier par le projet prend vie sur le visage des paysans réunis autour de la table pour partager le thé. Le respect de l’environnement, lui, se lit davantage dans le nombre de papillons qui virevoltent au-dessus du jardin et la texture de la terre.

Entouré de sources, à deux pas de Casablanca et du Plateau des Phosphates, ce n’est pas sur le plan agricole que ce jardin a la prétention d’être un modèle, mais sur la richesse humaine qui naît du travail sain de la terre qu’il veut attirer l’attention. Comme le dit M. Derouiche, l’objectif est de montrer que l’humanisme préserve de l’humanitaire en garantissant l’autonomie des personnes: “Ces personnes [qui] retrouvent ici leur dignité.” Et la fierté de ce qu’ils font, celle-là même qui les amène à nous faire visiter et goûter “leur” jardin. Allal et Youssef sont intarissables sur les techniques de repiquage des salades, ainsi que sur leurs convictions: “Au souk, les gens n’ont pas le choix, ils achètent ce qu’ils trouvent. Mais moi, je le ferai plus. Je ne mange plus que ce que je fais pousser.”

En parcourant les allées de ce jardin aux mille saveurs, nous comprenons que ce n’est pas l’agriculture du Maroc qui devrait être la fierté du pouvoir, mais bien ses agriculteurs, eux qui représentent encore aujourd’hui plus de 40% de la population marocaine. Car ce sont bien eux qui garantissent l’indépendance alimentaire du pays, à l’heure où la globalisation montre ses premières faiblesses. Que fera le Maroc, ainsi que tous les pays exportateurs de denrées alimentaires, lorsqu’il perdra sa compétitivité à cause de la hausse du prix du pétrole ? Que fera le Maroc de ces dizaines de milliers de ouvriers agricoles qui auront perdu leur savoir-faire paysan en quittant leur région natale pour venir travailler en ouvrier spécialisé dans des serres ? Que dira le Maroc à toutes les personnes qui revendiqueront de la terre, aujourd’hui propriété du Roi pour beaucoup, pour pallier aux carences d’approvisionnement des souks ?

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Quand le peuple réclame son droit… https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/ https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/#comments Mon, 02 Jul 2012 18:55:22 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=655 Soulèvement d’un village. Production de riz. Invasion de moustiques et chômage. Répression policière disproportionnée. Jeunes en fuite dans un maquis.

Ce sont ces informations de l’article de Souad Guennoun, membre d’Attac Maroc, qui nous amène à prendre la route vers Chlihat, entre Larache et Ksar El Kebir. Contrairement à ce que nous avons pu observer lors de nos précédentes « balades de campagne », la route est en excellent état : c’est ce qu’il faut pour acheminer la production de “Ribera del arroz”, une société agricole qui produit 60% de la consommation nationale de riz et qui vend également sur le marché international. Nous traversons la forêt d’eucalyptus où se trouvent encore réfugiés quelques jeunes du « douar » (le village en arabe dialectal).

Devant la mosquée de Chlihat (source: Souad Gennoun)

Arrivée dans le village. Nous faisons un premier arrêt  à la mosquée pour retrouver les personnes qui nous accueillent. Aujourd’hui vendredi, c’est le jour de la « jamaa », de la prière, et la mosquée  se transforme en peu de temps en lieu de rassemblement. Après quelques salutations, nous repartons vers l’épicerie du village où nous retrouvons Salim. Les deux pieds nus dans la terre et une pelle à la main, il finit de déblayer l’entrée de son épicerie saccagée la semaine passée. Plusieurs jeunes hommes sont réunis autour de lui, le silence est de mise et les regards scrutent le sol. Ils improvisent un salon et nous font asseoir. Nous faisons connaissance autour d’un verre de Fanta et de quelques banalités. Salim nous rejoint. Il commence à nous raconter son histoire à peine l’installation faite.

Des lacrymogènes périmés et autres munitions

Tout a commencé il y a quatre semaines, c’était un jeudi, jour de souk. Les villageois s’étaient rassemblés devant l’entreprise agricole qui les embauchait quelques années auparavant. Auparavant, c’est-à-dire avant de produire du riz, culture qui nécessite peu de main d’œuvre et où les traitements aux pesticides se font par avion (ils cultivent 4500 Ha de riz autour du douar)… Ils font face à la bande de terre de 150m de large sur 10km de long qui est censée les protéger des moustiques, arrivés avec les rizières, et leur fournir des terres alimentaires, une sorte de “zone tampon” entre l’entreprise et le douar.

Trois jeudis et trois mobilisations plus tard, voyant que les villageois tiennent bon, l’entreprise change radicalement le ton. Armés de canons à eau irritante propulsée à 30bars (la limite internationale étant de 25bars) et de gaz lacrymogène périmé, les policiers et les soldats assiègent le village et en font fuir ses habitants. Tirs de lacrymo probablement à bout portant, menaces de viols sur les femmes, agressions sexuelles, saccage et pillage des maisons et de l’épicerie (seul commerce du douar).

Quand Salim nous dresse le bilan du jeudi 14 juin, c’est la tête dans les mains, reprenant son souffle à chaque traduction, qu’il nous énumère : quatre fausses couches, un jeune homme qui a perdu son œil, plusieurs blessures par balle en caoutchouc à la tête et aux jambes, une centaine de jeunes en fuite, dont certains jusqu’à l’autre bout du Maroc pour éviter d’être retrouvés par la police. Quand nous lui demandons, après quelques secondes qui paraissent une éternité mais dont nous avons besoin pour encaisser le choc de l’annonce, jusqu’où cette lutte peut les mener, il répond sans hésiter mais sans pouvoir réprimer une foule d’émotions : « Jusqu’à la mort ».

Le silence s’abat de nouveau sur nous, jusqu’à ce que Salim se lève : “Allez, on va faire vous montrer les terres et l’entreprise, pour que vous vous rendiez compte. Après, on mange le couscous ensemble !”. Nous nous exécutons, entre gêne et soulagement.

Au grand air, nous respirons à nouveau. Nous montons en voiture avec quelques jeunes qui nous guident vers la « zone tampon ». C’est là que plusieurs personnes nous racontent leur version du 14 juin, ce que chacun d’entre eux a vécu. C’est aussi là que chacun ramène les reliques de la bataille, douilles de lacrymo et de balles en caoutchouc en tous genres. Contrairement au douar, l’immense plaine est balayée par le vent, et chaque rafale est une claque… à l’image de cette petite fille qui s’approche de nous avec son frère, trois restes de lacrymo dans la main gauche.

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Derrière les portes des serres d’Agadir https://archipel.foodpath.eu/2012/06/25/derriere-les-portes-des-serres-dagadir/ Mon, 25 Jun 2012 10:40:36 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=557 Nous apprenons avec deux heures de délai que la direction de Bio Prod (nom modifié, NDLR), une grande société agricole de la Plaine du Souss, près d’Agadir au Maroc, est d’accord de nous ouvrir ses portes. L’occasion est trop exceptionnelle pour la rater. La rencontre avec le directeur financier doit se faire dans les locaux administratifs de la société agricole, dans la plaine du Souss. Celle-ci a été décidée la veille au soir avec Hamid Mahndi, représentant syndical local pour la FNSA/UMT, et nous ne l’avons apprise que quelques heures avant, le temps de sauter dans deux “grands taxis” direction Aït Amira pour 1h30 de trajet.

L'allée fleurie de Bio Prod

Entre la bourgade et les locaux, la mobylette de Hamid slalome entre les nids de poule : les routes sont en mauvais état. Sur les côtés, de très nombreux bâtiments sont à peine entamés, les parpaings défoncés ont à peine été scellés entre eux, les toits sont souvent inexistants. Arrivés devant les grilles de l’entrée, un garde en uniforme nous accueille. L’autorisation lui est donnée, nous entrons. De chaque côté, d’impressionnantes serres de cultures hors-sol, encadrées là encore par des grillages… mais sur lesquels poussent des plantes grimpantes florales multicolores.

Au bout de la route, nous arrivons aux locaux administratifs de Bio Prod, en face de la station de conditionnement. Belle double-porte en bois, suivie de portes en verre de l’autre côté du sas. À l’intérieur, tout l’équipement d’une entreprise européenne moderne : climatisation, photocopieur, bureaux vitrés… seules la présence de photos du Roi (dont une reprenant son passage dans l’entreprise quelques mois plus tôt), ainsi que celle du personnel d’entretien que nous croisons très souvent dans ces locaux brillants, nous rappelle que nous sommes au Maroc.

Journalistes et méfiance de la direction

L’accueil est chaleureux, pourtant M. El Ghildi (nom modifié, NDLR), le directeur, est méfiant : il nous demande notre accréditation de l’État nous permettant d’exercer la profession sur le territoire Marocain. Nous lui expliquons notre refus de cette démarche par notre volonté de garder une liberté de ton. Il nous demande aussi de ne pas citer le nom de son entreprise et d’essayer de donner une belle image de son pays. M. El Ghildi semble être, avant toute chose, un vrai patriote. Selon lui, il faut que les Marocains aient de l’espoir dans l’avenir de leur pays au lieu de rêver d’une Europe mirifique. Il y a de l’emploi et du travail ici, au Maroc, et des sociétés comme Bio Prod sont de gros employeurs.

Les ouvriers de Bio Prod

Il explique nous que sa société tend vers une situation où chaque ouvrier aura un contrat de travail écrit. Ils paient chacun d’entre eux au moins au SMAG (salaire minimum agricole, 60 Dh / 6 € par jour, 48h par semaine) et respectent le nouveau code du travail de 2004. Ils facilitent également l’accès aux heures supplémentaires aux ouvriers qui souhaitent augmenter leurs revenus.

Hamid Mahndi (du syndicat FNSA/UMT) et M. El Ghildi semblent travailler ensemble à une amélioration des conditions des ouvriers. C’est cette particularité qui fait de Bio Prod une société agricole intéressante. Selon son directeur, le rôle du syndicat de Hamid est essentiel dans la vie de l’entreprise : c’est lui qui permet la médiation entre l’entreprise et ses ouvriers. Et pour M. El Ghildi, il est très important pour l’activité de Bio Prod de conserver ses salariés le plus longtemps possible, qu’ils puissent monter en compétence, en savoir-faire. C’est ce que le dialogue et la confiance entre direction et syndicat doit garantir. Hamid acquiesse.

Bio Prod travaille donc à améliorer les conditions de vie des ouvriers sur les sites de production en reconstruisant à neuf des lieux de vie intégrés (mais restant ouverts, ce qui n’est pas toujours le cas, refusant juste “la présence d’alcool, de femmes et de drogue”), en mettant en place des programmes de soutien scolaire spécifiques pour les enfants de ses ouvriers, en essayant de trouver des solutions aux questions de transports du personnel très prégnantes dans la région où de nombreux accidents graves ont lieu chaque semaine. Si ces efforts sont annoncés à visée philanthropique, c’est aussi parce que la qualité de la production de Bio Prod, et donc de ses débouchés, en dépend, en particulier sur le long terme.

Vue d'ensemble des logements
Salle de bain et toilettes collectifs
Une chambre à coucher type pour les ouvriers
La cuisine collective

Bio Prod

Si Bio Prod peut faire figure de modèle social dans la Plaine du Souss, c’est peut-être parce qu’elle ne cible pas les mêmes marchés que la plupart de ses concurrents. Alors que ces derniers visent le plus souvent les marchés d’Europe du Sud, Bio Prod vise quant à elle l’export vers les pays du Golfe et vers l’Europe du Nord, en cherchant avant tout la qualité et donc les produits à forte valeur ajoutée. De cette manière, son poste de dépense le plus important devient la logistique et les transports, là où c’est la main d’œuvre qui coûte le plus ailleurs… Cela explique certainement leur capacité économique plus importante à répondre aux attentes sociales des ouvriers.

Des craintes

Une grande frayeur pour Bio Prod, selon M. El Ghildi, a été (et est toujours d’une certaine manière) la force de la Révolution Arabe Marocaine, dite “Mouvement du 20 Février”. Dans la Plaine du Souss, elle s’est principalement traduite par des constructions anarchiques d’habitations qui ne seront, pour ainsi dire, jamais finies. Pour autant, ces événements ont fait et font encore trembler les serres des environs sur leurs pieds d’argile.

Une plaine où poussent maisons et serres de plastique et de béton
C'est dans cette Plaine désertique que poussent maisons et serres de plastique

Autre grande inquiétude, ici comme dans les populations des villages alentours: l’eau. La nappe phréatique baisse chaque année. C’est sur l’innovation technologique que Bio Prod mise pour maîtriser ce risque : désalinisation d’eau de mer (à base d’énergie fossile), récupération de rosée matinale, techniques de cultures hors-sol récupérant jusqu’à 40% de l’eau du système… et possibilité de puiser dans le barrage situé à quelques kilomètres pour ne plus dépendre, comme c’est le cas dans les villages, que des puits devant être de plus en plus profonds.

Optimisation

Dans les serres de Bio Prod, l’optimisation est le mot d’ordre : optimisation des compétences, optimisation des ressources, optimisation de la qualité, optimisation des intrants (les produits phyto-sanitaires et autres engrais sont récupérés avec l’eau du système, introduction de la lutte intégrée)… Mais le manque d’eau, la dépendance au pétrole et au marché agricole global fragilisent ce modèle. Les contrastes, dans la plaine du Souss, sont vraiment très forts. L’espoir cohabite avec un certain fatalisme ; l’intégration verticale avec un milieu social souvent très précaire et un milieu naturel très fragile.

Ouvrir les politiques agricoles à l’alimentation

Dans tous les cas, les autoroutes et les ports du Sud de l’Europe continueront à voir défiler des tomates, des courgettes, des haricots et autres poivrons “Origine Maroc” aussi longtemps que les ouvriers agricoles qui les produisent ne revendiqueront pas une vie décente, aussi longtemps que le pétrole permettra la production et le déplacement de denrées alimentaires à si bas coût, aussi longtemps que le réchauffement climatique induit par ces modèles n’aura pas asséché le dernier puits, aussi longtemps que nous n’ouvrirons pas, partout, les politiques agricoles à l’alimentation afin d’en faire une question démocratique centrale, depuis sa localité avec ses voisins jusqu’aux règles du commerce international. Sur cette échelle macro-économique, où se situe Bio Prod ? Produit d’un modèle ou modèle de produits ? Et ce faisant, produit ou producteur ?

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Souss tomates https://archipel.foodpath.eu/2012/06/17/souss-tomates/ https://archipel.foodpath.eu/2012/06/17/souss-tomates/#comments Sun, 17 Jun 2012 20:45:34 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=528

La mer de taxis à Inezgane

Nous sommes dans le Souss, au sud du Maroc. Casablanca est à 5 heures de route au nord, Marrakech à 4 heures au nord-est. Bienvenue à Agadir ! Ville touristique avec ses plages de sable fin, ses haras royaux et ses golfs. C’est d’ailleurs ce que notre chauffeur de taxi s’empresse de nous vendre, dans un français qu’il préfère à l’arabe du fait de ses origines berbères. Il présente sa région avec une naïveté dangereuse, assurant que la région ne manque pas d’eau. Il ne pleut pourtant que 20 mm par mois en moyenne et les cours d’eau que nous traversons, en ce mois de juin, sont totalement à sec.

La ville s’étend sur plusieurs kilomètres en raison du développement économique de la région ces vingt dernières années. Sur la route de la plaine, les camions débordant de légumes (navets, betteraves, carottes) se croisent sans cesse et des murs barrent l’horizon. Tantôt apparaissent des serres, tantôt leur squelette métallique habillé de lambeaux de plastique.

Arrivée dans la plaine

Cette plaine se trouve entre deux rivières, l’Oued Souss et l’Oued Massa, le long de l’axe ancestral des caravannes qui remontaient de la Mauritanie vers le Rif et non loin du port commercial d’Agadir. Pas étonnant donc que cet endroit ait été choisi pour y faire pousser des légumes destinés à l’exportation : des capacités en eau, en transports … et en main d’œuvre. Peu chère quand elle est marocaine, et encore moins quand elle est immigrée d’Afrique de l’Ouest et en particulier du Sénégal.

Au cœur de la plaine, la ville d’Aït Amira, ville far-west construite le long de la route sur laquelle transite aussi bien les marchandises que les ouvriers agricoles (les humains sont transportés dans les mêmes conditions que les légumes, les accidents sont réguliers et souvent graves). Ville sans racine culturelle : rien de marocain dans ces quartiers sans hammam ni four à pain, qui sont culturellement constitutifs des unités de vie urbaines que représentent les quartiers.

Une rue de Sidi Bibi, village voisin d'Aït Amira
Deux fillettes dans les rues d'Aït Amira
Aït Amira

Hamid Mhandi

Nous retrouvons Hamid Mhandi, représentant syndical des travailleurs agricoles, dans un café longeant la route. Depuis la terrasse nous observons la vie de cette cité étrange. Les femmes sont rares dans les rues. À première vue, on pourrait penser qu’elles restent à la maison, comme souvent ailleurs, mais ici Hamid nous explique qu’elles sont au travail. En effet elles sont plus facilement embauchées que les hommes : elles travaillent bien, ne se plaignent jamais, ni des conditions, ni de la pénibilité ou de la rémunération de leur travail. D’ailleurs, la femme d’Hamid a trouvé du travail avant lui à leur arrivée dans la région en 2003, contrairement à la vision traditionnelle majoritaire au Maroc dans laquelle s’inscrit pleinement Hamid.

Hamid Mhandi au siège de la FNSA

Autour d’un café nouss-nouss, il nous raconte son histoire : les conditions de travail épouvantables dans les serres et comment il est en venu au syndicalisme… Avant d’approfondir les questions plus politiques, il nous emmène au siège local de son syndicat, la FNSA (Fédération Nationale du Secteur Agricole). C’est un petit logement de béton transformé en bureau, les pièces vides résonnent au son de nos voix et c’est sur des chaises de jardin que nous écoutons le regard d’Hamid sur la condition ouvrière.

Conditions et luttes ouvrières

Ici on ne parle plus de paysan, mais d’ouvrier agricole. D’ailleurs, son récit ressemble davantage aux luttes des classes dans les industries minières du Nord de la France, alors que la société marocaine est traditionnellement et implicitement organisée en castes. Ici, les ouvriers déracinés, venant des quatre coins du Maroc (et de l’Afrique), ne retrouvent pas les schémas de structuration qui leur sont familiers. Défaits de leurs repères, ils ont échangé le fonctionnement des castes par celui des classes pour recréer une vie communautaire. Ici ce sont les travailleurs pauvres contre les sociétés agricoles pour la plupart européennes et nord-américaines.

C’est donc cette lutte des classes qui permet de dépasser les clivages nationaux entre Marocains et Sénégalais pour revendiquer ensemble l’égalité et l’amélioration des conditions de travail. Au Maroc, depuis la mise en place du code du travail en 2004, le salaire minimum est de 87 Dh par jour pour 44 heures de travail par semaine. Mais le secteur agricole fait exception avec ses 60 Dh par jour pour 48 heures par semaine. En plus de ces inégalités entre travailleurs marocains, l’arrivée de travailleurs clandestins fait baisser ces salaires légaux. Aujourd’hui, les salaires peuvent descendre jusqu’à 40 Dh hors de tout contrat de travail écrit. Au lieu d’être source de xénophobie, ce constat amène les syndicats à vouloir pénétrer toutes les entreprises, et en particulier celles les moins respectueuses de la loi par l’emploi de travailleurs sans statut. Ainsi, c’est bien pour un nivellement des conditions de travail “par le haut” et non une stigmatisation des travailleurs Sénégalais que la FNSA se bat.

C’est autour du couscous familial du vendredi que peut commencer une longue digestion de toutes ces informations.

La plaine du Souss, Agadir au Nord, les serres en gris au centre... encadrée par l'Oued Souss et l'Oued Massa.
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Du souk à l’OMC https://archipel.foodpath.eu/2012/06/06/du-souk-a-lomc/ Wed, 06 Jun 2012 18:09:31 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=476

Tanger. Port de pêche. L’Europe est à l’horizon juste derrière la brume. Fin de journée en mer pour les pêcheurs mais la journée est loin d’être finie : réparation des filets, préparation des hameçons. Les pêcheurs s’affairent sur le quai. Il suffit que nous nous intéressions aux poissons dans une vieille caisse en bois pour que la discussion s’engage, en français, en arabe, en allemand ou avec les mains… Une petite discussion informelle met l’émulation : un petit attroupement se forme, écoute des deux oreilles, et sourit de la situation. Petit cours de biologie marine improvisée : rougets, pageots, merlans, la mer est riche ici, tellement riche que les poissons se jètent dans les filets pour le plus grand bonheur des pêcheurs.

Rabat. Souk alimentaire en pleine effervescence, malgré que les étals soient encore en cours d’installation. Chacun est libre de regarder, de toucher, de poser des questions, de poser des questions, d’être curieux de l’autre dans ses habitudes de cuisinier. Ici, en face des produits frais, les prix sont francs, les regards aussi. Ici nous sommes tous faits des mêmes besoins, dont celui de se nourrir, et des mêmes envies : bien manger. Ici on nous fait goûter une herbe, là on nous fait sentir une épice, là encore on nous explique comment broyer une céréale inconnue pour agrémenter une soupe.

Asilah. Dans une ruelle déserte, face à la mer derrière la médina fortifiée. Il est 16h. Un tagine à l’européenne cuit sur un réchaud en aluminium devant les regards amusés des passants. Echanges de regards complices avec les femmes : entre cuisiniers on se comprend. A ce moment, les barrières tombent, ce qui nous sépare les uns des autres s’évapore dans la fumée du tagine.

Au Maroc, c’est bien connu tout se négocie : c’est comme un jeu, un élément de cohésion sociale, un héritage de cette civilisation bâtie sur des échanges commerciaux. On a tous en tête les images des caravanes qui traversent le Sahara et de celles qui ont ouvert la route de la soie. D’ailleurs ce n’est peut-être pas un hasard si l’Organisation Mondiale du Commerce a vu le jour en 1994 avec les accords de Marrakech. Hors c’est cette même OMC qui a dérégulé le marché agricole mondial menant aux émeutes de la faim de 2008 dans les pays les plus fragiles. La spéculation sur tout et n’importe quoi a amené ces bureaucrates à jouer avec le prix de la farine ou d’autres denrées alimentaires de première nécessité. Mais quand l’OMC joue aux colons de Catane ce sont des populations entières qui meurent de faim dans le monde réel (1 milliard de personnes souffrent à ce jour de la famine selon l’Organisation Mondiale de la Santé).

Sur les toits, Rabat

Comme on le disait, au Maroc tout se négocie… mais pas la nourriture1. Le jeu s’arrête donc là où les besoins vitaux commencent et c’est justement sur ceci que l’on partage le mieux, que l’on commence à faire société et que l’on en garantit la longévité.

C’est si vrai que le Gouvernement Marocain met actuellement en place un système de régulation en particulier des prix du blé (source: Le Matin, du 5 juin 2012, Maroc).

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Assemblée Populaire sur l’alimentation à Aubervilliers (Marche des Banlieues) https://archipel.foodpath.eu/2012/04/29/assemblee-populaire-sur-lalimentation-a-aubervilliers-marche-des-banlieues/ https://archipel.foodpath.eu/2012/04/29/assemblee-populaire-sur-lalimentation-a-aubervilliers-marche-des-banlieues/#comments Sun, 29 Apr 2012 13:23:59 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=351

Compte Rendu de la Marche des Banlieues, dont l’original se trouve sur paris.reelledemocratie.net :

Nous accrochons 2 banderoles : « marches des banlieues» et «assemblée populaire». Le Maire vient nous saluer. Marine, l’association « MINGA » avec qui nous avons mis en place l’assemblée populaire sur le thème de l’alimentation, nous rejoint. L’échange de connaissances se passe bien, , orienté vers les propositions d’alternatives et la nécessité des peuples du monde de répondre à leurs besoins vitaux. Une vraie convergence est née aux yeux de certains d’entre nous, qui a motive pour enclencher des projets locaux. Plusieurs passants souhaitent s’exprimer sur le sujet, et une d’entre eux manifeste son souhait de nous rejoindre pour participer à quelques étapes. Grâce à cette dernière, habitante du quartier, nous sommes tous invités par le bar d’en face à prendre le café. Moment très convivial avec les gens du quartier.

Cette assemblée populaire organisée sur la Marche des Banlieues a été imaginée comme une étape de la rencontre Alimentons-Nous. Merci à Minga pour la logistique.

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Alimentons-Nous, alimentons la démocratie https://archipel.foodpath.eu/2012/04/21/alimentons-nous-alimentons-la-democratie/ Sat, 21 Apr 2012 12:36:50 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=326

Première pierre de ce projet, le forum Alimentons-Nous, organisé par Minga, JINOV (partenaire direct de l’Archipel) et les Petits Débrouillards, relaie l’initiative de Food Path.

Parce que l’alimentation est ce que l’on partage avec les êtres vivants du monde entier, puisque c’est la base de toutes les organisations humaines, la première pierre de tout régime politique… Et parce que ce sujet est au cœur de l’Archipel, en particulier sur sa partie en Inde. Alimentons-nous, Alimentons la démocratie !

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Tierra y libertad ! https://archipel.foodpath.eu/2012/04/18/tierra-y-libertad/ https://archipel.foodpath.eu/2012/04/18/tierra-y-libertad/#comments Wed, 18 Apr 2012 12:25:26 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=278

Cultiver sa terre est un des principes les plus fondamentaux: il permet de se nourrir, soi et ses proches, que cela soit sa famille ou sa communauté. L’agriculture est à ce titre un lien à l’essentiel, ce qui nous rattache à nos besoins au-delà de toutes les envies que l’on s’obstine à satisfaire. Le lien à la terre est donc un lien riche de sens, d’autant plus qu’il est concret : quoi de plus sensible que de plonger ses mains dans la terre ou croquer dans un fruit bien mûr ?

Empêcher quelqu’un d’avoir accès à la terre, c’est donc mettre en péril sa survie et sa dignité à pourvoir à celle de ses proches. Et lorsqu’il s’agit d’un Etat vis-à-vis de ces citoyens, la question de la démocratie se pose inévitablement. Peut-on encore parler de démo-cratie lorsque l’Etat élu par le peuple privilégie des intérêts qui ne concernent pas ses citoyens et qui, même, lui nuisent?

Face au lien concret à la terre, on retrouve les intérêts abstraits parce qu’obscurs des marché financiers et des multinationales. Du local de l’agriculture au global du néocapitalisme, du local qui rassemble tous les êtres vivants autour du besoin de se nourrir au global qui divise par la recherche du profit au détriment du bien-vivre.

Pour réaffirmer ce bien-vivre, des citoyens se réapproprient des terres que l’Etat voudrait vendre à des compagnies d’assurance. A l’autre bout du monde ? Non, chez nos voisins : en Espagne. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, plus ou moins loin de chez nous, dont la lutte nous touche de plus ou moins près.
L’Espagne, c’est l’Europe, mais il y a encore plus proche : il y a ces centaines de personnes qui occupent depuis plus de trois ans les terres de Notre-Dame des Landes condamnées à être bétonnées pour réaliser le rêve d’aéroport de Jean-Marc Ayrault. Des centaines de personnes qui se mobilisent au quotidien pour défendre cette zone condamnée a priori, c’est-à-dire sans l’expertise qui légitimerait sa construction. Des centaines de personnes qui ont décidé de profiter de cette lutte pour expérimenter d’autres formes de vivre-ensemble basés sur des habitats légers, une décroissance en énergie et une approche de l’auto-suffisance alimentaire.

Ici comme là-bas, des citoyens tentent de préserver notre lien à la terre, celle qui nous nourrit, celle qui est la base même de notre existence. Pour que demain, on ne soit pas tous « riches et morts ».

Une émission de France Inter, “Là-bas si j’y suis” : [esplayer url=”http://media.la-bas.org/mp3/120412/120412.mp3″]

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