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Le Peuple veut la fin du Système !

Liberté, dignité, égalité sociale : c’est au rythme de ce slogan que s’élève la colère populaire contre le Maghzen, “le Système”. C’est ce slogan qui a fait se rassembler des centaines de milliers de personnes au printemps 2011 dans des centaines de villes marocaines, qui a fait peur au Roi jusqu’à lui faire dire qu’il avait “entendu la rue” ; celui pour lequel plusieurs personnes ont purgé et purgent encore des peines de prison. La démocratie vit à travers lui parce que le peuple l’incarne.

Ce slogan fait résonner notre devise républicaine : en son temps incarné, il est aujourd’hui gravé sur les frontons de nos institutions, tombeaux de nos citoyennetés. A quoi font donc écho ces trois mots ? Ils ont été vidés de leur sens par les lois successives visant à réduire les libertés (atteintes à la liberté de circulation, d’expression, de rassemblement…), à ringardiser l’égalité sociale et à se méfier de la fraternité entre les individus et les peuples.

Ici, le système est clairement identifié par rapport aux pouvoirs du Roi autour desquels se construit l’échiquier politique. Le Maghzen se définit en trois sphères de pouvoir : politique, où l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont aux mains du Roi ; économique, dont les rennes sont tenues par les capitaux et les holdings du Roi [1] ; religieux, dont le chef des croyants est le Roi. Lutter contre cette concentration des pouvoirs c’est agir pour les dissocier et donc pour faire sortir l’économie du politique. Ce faisant, le citoyen retrouve sa capacité à inter-agir sur la sphère politique, à dialoguer avec ceux qui établissent les règles du vivre-ensemble.

Quand des individus sont capables de s’inscrire collectivement dans des initiatives citoyennes, c’est à ce moment qu’une société est vivante. A l’inverse, quand une société n’accepte plus que ces initiatives remettent en question les règles qu’elle a établies, c’est à ce moment qu’elle se meure… et qu’une nouvelle voit le jour. Car enfin, si ce n’est pas le Peuple qui écrit l’Histoire, c’est lui qui la fait. Que l’on passe d’un “vive le Roi”, à un “vive le Peuple”.

Alchaâb yourid isqat nedam !
Le Peuple veut la fin du Système !

[1] Courrier International : Mohammed VI, un roi en or massif, du 7 juillet 2009