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Sous le parvis des droits de l’Homme, la honte !

Les Marches Populaires, dont nous vous avions parlé lors du passage de celle de Toulouse dans notre département, se sont retrouvées le samedi 21 avril à Paris. Récit d’un week-end peu ordinaire.

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action

La journée avait pourtant bien commencé, les prévisionnistes de Météo France, à l’instar des instituts de sondages, ont commis quelques inexactitudes; c’est sous le ciel bleu que les Marches d’Angers, Bayonne, Marseille et Toulouse, réunies depuis la veille dans un lieu culturel occupé, ont pris la rue pour rejoindre Châtelet. Une belle réussite en effet puisque cette « manifestive » non déclarée a éclairé les visages sur notre passage et grâce à une organisation auto-gérée, mais sans faille, la préfecture a fini par nous ouvrir la route. Chemin qui nous a conduit tout droit dans les bras des Marcheurs de Lille et des Banlieues, pour des retrouvailles au combien émouvantes. Au programme de l’après-midi : une autre manifestive, déclarée cette fois,et un rassemblement dans les jardins du Trocadéro accordé du bout des lèvres par la mairie de Paris jusqu’à 23h.

Ne nous voilons pas la face, nous avions bien l’intention d’établir un campement de résistance dans les belles allées aseptisées du Champ-de-Mars. Les forces en présence, très certainement informées, nous en ont largement dissuadé… Après quelques hésitations, et pour conserver notre esprit de pacifisme, nous nous sommes donc dirigés vers le lieu autorisé pour y tenir une belle assemblée populaire sur le thème « ils ne nous représentent pas », hautement symbolique en cette veille de mascarade démocratique.

C’est à ce moment précis que l’atmosphère a changé autour de nous. Les renforts de CRS et de gendarmes, cachés en « deuxième ligne » sur le Champ-de-Mars, ont rejoint les compagnies déjà en place. Escortés jusqu’aux jardins sous les yeux éberlués des touristes, nous pensions pouvoir échanger paisiblement sur les sujets qui nous sont chers en partageant une bonne soupe marocaine offerte par un collectif local.

Mais stupéfaction ! L’accès aux jardins, haut lieu du tourisme parisien, nous était bien autorisé, mais vidé de ses habituels promeneurs… Au déploiement des forces de l’ordre visant à nous encercler nous avons compris : l’état ne nous laissera pas planter la démocratie ce jour. Tout les accès ont été verrouillés, il n’y avait, à part pour quelques courageux, aucun moyen de nous rejoindre. Unique constat : 300 personnes encerclées en plein centre ville de Paris, et moi avec. Une Brillante démonstration de force. Mais le pire était encore à venir… Le médiateur, complètement dépassé par des ordres absurdes, nous a informé que nous pourrions sortir par groupe de 6-8 personnes et raccompagnés séparément par des policiers en civils jusqu’à des bouches de métros. Je vous passe les détails mais nous avons été privés de nos libertés fondamentales pendant 4h . Pas d’eau pour s’hydrater, aucun moyen digne pour uriner. Le repas a partager est resté bloqué à 50m de nous. Puis le cordon s’est resserré petit à petit et quasiment aucun déplacement n’est devenu possible. La méthode bien connue de la « bouilloire » nous a été servie à toute les sauces. Il a fallu une auto-gestion exceptionnelle pour qu’aucun débordement, à une exception près, ne soit à déplorer. Nous avons su faire front à la tension que l’on nous imposait. Tension très certainement destinée à provoquer une situation répressible qui aurait justifié une intervention musclée. Nous avons finalement tous été raccompagnés en petits groupes jusqu’aux tourniquets des différents métros par des compagnies de CRS dépitées de devoir être les garants d’une injustice flagrante. Nous signifiant parfois même verbalement leur propre indignation. Ironie du sort, nous avons été parqués quelques mètres en dessous du parvis des Droits de l’Homme.

L’épuisement a été de courte durée. Nous nous sommes réveillés plus motivés que jamais et après un débriefing de la veille, nous avons conclu qu’une petite action clown serait idéale pour illustrer les résultats d’un jour de deuil pour la démocratie. Maquillés et déguisés en clowns tristes, nous avons donc rejoint le siège du parti socialiste, nous comptions faire de même à celui de l’UMP, afin interroger les passants à l’heure du choix entre la peste et le choléra. Une fois encore, nous nous sommes retrouvés encerclés, privés de liberté par 22 policiers pour 16 clowns. Mêmes proportions quand les copains venus nous soutenir nous ont rejoint à l’intérieur du cordon. Encore 3h de privation de liberté et cette fois il n’y avait plus de métro pour nous ramener. Ironie du sort, c’est devant des militants d’un parti dit de gauche que nous avons été parqués. Drôle de week-end je vous le dis!

La préfecture aux ordres d’un état totalitaire a essayé de nous diviser par la répression, dernier outil pour nous empêcher de semer les possibles. Nous en sortons renforcés et unis plus que jamais. Au cœur de cette dictature constitutionnelle qu’est devenue le pays des Droits de l’Homme, j’en appelle à l’insurrection populaire et pacifique. Un peuple uni jamais ne sera vaincu !

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action