Non-violences – L'Archipel des Non-Violences https://archipel.foodpath.eu Confronter nos représentations des non-violences, en particulier sur l'alimentation et l'accès à la terre Tue, 30 Jun 2015 12:41:34 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7.19 Quand le peuple réclame son droit… https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/ https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/#comments Mon, 02 Jul 2012 18:55:22 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=655 Soulèvement d’un village. Production de riz. Invasion de moustiques et chômage. Répression policière disproportionnée. Jeunes en fuite dans un maquis.

Ce sont ces informations de l’article de Souad Guennoun, membre d’Attac Maroc, qui nous amène à prendre la route vers Chlihat, entre Larache et Ksar El Kebir. Contrairement à ce que nous avons pu observer lors de nos précédentes « balades de campagne », la route est en excellent état : c’est ce qu’il faut pour acheminer la production de “Ribera del arroz”, une société agricole qui produit 60% de la consommation nationale de riz et qui vend également sur le marché international. Nous traversons la forêt d’eucalyptus où se trouvent encore réfugiés quelques jeunes du « douar » (le village en arabe dialectal).

Devant la mosquée de Chlihat (source: Souad Gennoun)

Arrivée dans le village. Nous faisons un premier arrêt  à la mosquée pour retrouver les personnes qui nous accueillent. Aujourd’hui vendredi, c’est le jour de la « jamaa », de la prière, et la mosquée  se transforme en peu de temps en lieu de rassemblement. Après quelques salutations, nous repartons vers l’épicerie du village où nous retrouvons Salim. Les deux pieds nus dans la terre et une pelle à la main, il finit de déblayer l’entrée de son épicerie saccagée la semaine passée. Plusieurs jeunes hommes sont réunis autour de lui, le silence est de mise et les regards scrutent le sol. Ils improvisent un salon et nous font asseoir. Nous faisons connaissance autour d’un verre de Fanta et de quelques banalités. Salim nous rejoint. Il commence à nous raconter son histoire à peine l’installation faite.

Des lacrymogènes périmés et autres munitions

Tout a commencé il y a quatre semaines, c’était un jeudi, jour de souk. Les villageois s’étaient rassemblés devant l’entreprise agricole qui les embauchait quelques années auparavant. Auparavant, c’est-à-dire avant de produire du riz, culture qui nécessite peu de main d’œuvre et où les traitements aux pesticides se font par avion (ils cultivent 4500 Ha de riz autour du douar)… Ils font face à la bande de terre de 150m de large sur 10km de long qui est censée les protéger des moustiques, arrivés avec les rizières, et leur fournir des terres alimentaires, une sorte de “zone tampon” entre l’entreprise et le douar.

Trois jeudis et trois mobilisations plus tard, voyant que les villageois tiennent bon, l’entreprise change radicalement le ton. Armés de canons à eau irritante propulsée à 30bars (la limite internationale étant de 25bars) et de gaz lacrymogène périmé, les policiers et les soldats assiègent le village et en font fuir ses habitants. Tirs de lacrymo probablement à bout portant, menaces de viols sur les femmes, agressions sexuelles, saccage et pillage des maisons et de l’épicerie (seul commerce du douar).

Quand Salim nous dresse le bilan du jeudi 14 juin, c’est la tête dans les mains, reprenant son souffle à chaque traduction, qu’il nous énumère : quatre fausses couches, un jeune homme qui a perdu son œil, plusieurs blessures par balle en caoutchouc à la tête et aux jambes, une centaine de jeunes en fuite, dont certains jusqu’à l’autre bout du Maroc pour éviter d’être retrouvés par la police. Quand nous lui demandons, après quelques secondes qui paraissent une éternité mais dont nous avons besoin pour encaisser le choc de l’annonce, jusqu’où cette lutte peut les mener, il répond sans hésiter mais sans pouvoir réprimer une foule d’émotions : « Jusqu’à la mort ».

Le silence s’abat de nouveau sur nous, jusqu’à ce que Salim se lève : “Allez, on va faire vous montrer les terres et l’entreprise, pour que vous vous rendiez compte. Après, on mange le couscous ensemble !”. Nous nous exécutons, entre gêne et soulagement.

Au grand air, nous respirons à nouveau. Nous montons en voiture avec quelques jeunes qui nous guident vers la « zone tampon ». C’est là que plusieurs personnes nous racontent leur version du 14 juin, ce que chacun d’entre eux a vécu. C’est aussi là que chacun ramène les reliques de la bataille, douilles de lacrymo et de balles en caoutchouc en tous genres. Contrairement au douar, l’immense plaine est balayée par le vent, et chaque rafale est une claque… à l’image de cette petite fille qui s’approche de nous avec son frère, trois restes de lacrymo dans la main gauche.

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Appel à la Désobéissance Civile au Québec https://archipel.foodpath.eu/2012/05/24/appel-a-la-desobeissance-civile-au-quebec/ Thu, 24 May 2012 18:20:04 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=453 Dans le cadre du Printemps Érable, le député Québecois Omar Khadir lance un appel à la Désobéissance Civile :

“Je crois que c’est l’ultime réesponsabilité de chaque citoyen de vérifier que toute loi est équitable et juste, qu’elle est raisonnable, je juge en vertu de mes principes et de ma conscience.”

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Sous le parvis des droits de l’Homme, la honte ! https://archipel.foodpath.eu/2012/05/21/sous-le-parvis-des-droits-de-lhomme-la-honte/ Mon, 21 May 2012 21:13:01 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=425
Les Marches Populaires, dont nous vous avions parlé lors du passage de celle de Toulouse dans notre département, se sont retrouvées le samedi 21 avril à Paris. Récit d’un week-end peu ordinaire.

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action

La journée avait pourtant bien commencé, les prévisionnistes de Météo France, à l’instar des instituts de sondages, ont commis quelques inexactitudes; c’est sous le ciel bleu que les Marches d’Angers, Bayonne, Marseille et Toulouse, réunies depuis la veille dans un lieu culturel occupé, ont pris la rue pour rejoindre Châtelet. Une belle réussite en effet puisque cette « manifestive » non déclarée a éclairé les visages sur notre passage et grâce à une organisation auto-gérée, mais sans faille, la préfecture a fini par nous ouvrir la route. Chemin qui nous a conduit tout droit dans les bras des Marcheurs de Lille et des Banlieues, pour des retrouvailles au combien émouvantes. Au programme de l’après-midi : une autre manifestive, déclarée cette fois,et un rassemblement dans les jardins du Trocadéro accordé du bout des lèvres par la mairie de Paris jusqu’à 23h.

Ne nous voilons pas la face, nous avions bien l’intention d’établir un campement de résistance dans les belles allées aseptisées du Champ-de-Mars. Les forces en présence, très certainement informées, nous en ont largement dissuadé… Après quelques hésitations, et pour conserver notre esprit de pacifisme, nous nous sommes donc dirigés vers le lieu autorisé pour y tenir une belle assemblée populaire sur le thème « ils ne nous représentent pas », hautement symbolique en cette veille de mascarade démocratique.

C’est à ce moment précis que l’atmosphère a changé autour de nous. Les renforts de CRS et de gendarmes, cachés en « deuxième ligne » sur le Champ-de-Mars, ont rejoint les compagnies déjà en place. Escortés jusqu’aux jardins sous les yeux éberlués des touristes, nous pensions pouvoir échanger paisiblement sur les sujets qui nous sont chers en partageant une bonne soupe marocaine offerte par un collectif local.

Mais stupéfaction ! L’accès aux jardins, haut lieu du tourisme parisien, nous était bien autorisé, mais vidé de ses habituels promeneurs… Au déploiement des forces de l’ordre visant à nous encercler nous avons compris : l’état ne nous laissera pas planter la démocratie ce jour. Tout les accès ont été verrouillés, il n’y avait, à part pour quelques courageux, aucun moyen de nous rejoindre. Unique constat : 300 personnes encerclées en plein centre ville de Paris, et moi avec. Une Brillante démonstration de force. Mais le pire était encore à venir… Le médiateur, complètement dépassé par des ordres absurdes, nous a informé que nous pourrions sortir par groupe de 6-8 personnes et raccompagnés séparément par des policiers en civils jusqu’à des bouches de métros. Je vous passe les détails mais nous avons été privés de nos libertés fondamentales pendant 4h . Pas d’eau pour s’hydrater, aucun moyen digne pour uriner. Le repas a partager est resté bloqué à 50m de nous. Puis le cordon s’est resserré petit à petit et quasiment aucun déplacement n’est devenu possible. La méthode bien connue de la « bouilloire » nous a été servie à toute les sauces. Il a fallu une auto-gestion exceptionnelle pour qu’aucun débordement, à une exception près, ne soit à déplorer. Nous avons su faire front à la tension que l’on nous imposait. Tension très certainement destinée à provoquer une situation répressible qui aurait justifié une intervention musclée. Nous avons finalement tous été raccompagnés en petits groupes jusqu’aux tourniquets des différents métros par des compagnies de CRS dépitées de devoir être les garants d’une injustice flagrante. Nous signifiant parfois même verbalement leur propre indignation. Ironie du sort, nous avons été parqués quelques mètres en dessous du parvis des Droits de l’Homme.

L’épuisement a été de courte durée. Nous nous sommes réveillés plus motivés que jamais et après un débriefing de la veille, nous avons conclu qu’une petite action clown serait idéale pour illustrer les résultats d’un jour de deuil pour la démocratie. Maquillés et déguisés en clowns tristes, nous avons donc rejoint le siège du parti socialiste, nous comptions faire de même à celui de l’UMP, afin interroger les passants à l’heure du choix entre la peste et le choléra. Une fois encore, nous nous sommes retrouvés encerclés, privés de liberté par 22 policiers pour 16 clowns. Mêmes proportions quand les copains venus nous soutenir nous ont rejoint à l’intérieur du cordon. Encore 3h de privation de liberté et cette fois il n’y avait plus de métro pour nous ramener. Ironie du sort, c’est devant des militants d’un parti dit de gauche que nous avons été parqués. Drôle de week-end je vous le dis!

La préfecture aux ordres d’un état totalitaire a essayé de nous diviser par la répression, dernier outil pour nous empêcher de semer les possibles. Nous en sortons renforcés et unis plus que jamais. Au cœur de cette dictature constitutionnelle qu’est devenue le pays des Droits de l’Homme, j’en appelle à l’insurrection populaire et pacifique. Un peuple uni jamais ne sera vaincu !

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action

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Démocratie Présidentielle ? https://archipel.foodpath.eu/2012/05/04/democratie-presidentielle/ https://archipel.foodpath.eu/2012/05/04/democratie-presidentielle/#comments Fri, 04 May 2012 08:43:56 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=403

Aujourd’hui est l’avant-veille d’un épisode électoral qu’on nous présente comme majeur. D’un côté on agite les drapeaux de l’horreur sociale, de l’autre ceux du gouffre financier global : nous sommes obligés de choisir entre l’un des deux sous peine de devenir schizophrènes. Et si l’on souhaite creuser, dépasser les clivages des discours de nos politiques, on se rend compte en effet rapidement compte que, de toute manière, il ne s’agit que d’un désir de conquête électorale, et que les vrais leviers sont tirés ailleurs.

Ainsi, alors que les situations mondiales, nationales et locales exigeraient de la démocratie toute sa puissance collective, la politique des jeux électoraux réduit le débat à ses propres préoccupations : comment rester parmi les puissants. Elle donne à croire que, comme on peut le lire parfois, le citoyen ne peut exister qu’en donnant son consentement… lorsqu’il se place dans la servitude volontaire, comme le soulignait Étienne de la Boétie au 16e siècle. Naturellement, ce type de communication est institutionnelle, pilotée par des politiciens pour garantir leur position : garder son portefeuille, sa légitimité, sa popularité bien rangés et repassés. Ces fonctionnements ont directement pour objet inavouable de tuer la République, la Res Publicae, la chose publique.

Je vote donc j'existe, Quimper début 2012, source: Penhars Info

Pour garantir cette domination de la République, l’État des élus professionnels s’arroge normativement le monopole de la violence. Il fait équiper la Police, la sur-protège en transformant petit à petit son rôle de la prévention à la répression, du maintien de la paix à la force de l’ordre, de ses missions au service du peuple à celui de l’oligarchie. Oui à la liesse populaire, mais ne traversez pas la route en dehors des clous ! S’il vous plaît…

Dans ce contexte particulièrement propice au “syndrome du larbin“, il s’agit donc d’offrir à l’électeur une voie de facilité, une cascade dans la roche pour guider le cours du ruisseau : il est tellement plus facile et confortable de rester sur la voie tracée par les dominants que tout le monde s’y précipite. On nous dit que nous sommes individuellement faibles, et qu’il faut tirer sa propre épingle du jeu ? On nous laisse à penser que nous sommes libres de nous exprimer, mais ce n’est pas ce qui se traduit dans la réalité lorsque l’on voit le traitement des discours qui sortent des prés carrés de la pensée dominante. Qui aurait envie de sortir du pré pour affronter cela ? Mieux vaut encore se réjouir de la liberté qu’on y trouve à l’intérieur et continuer à brouter paisiblement. Cela rend l’appropriation du stigmate de l’impuissance aisée et nous pousser à s’interdire l’expression de toute opinion qui sortirait des bienséances. Nous ne sommes pas loin de la soumission à l’autorité telle que décrite par Milgram, et les zigzags qui mène une nation au totalitarisme “démocratique”.

Pour autant, se réapproprier le Politique sera un passage obligé pour reconquérir sa citoyenneté. Et cette réappropriation passe par l’action : se rendre acteur de sa citoyenneté, de ses choix, pour aujourd’hui et pour demain. Un bulletin de vote est un acte, tant qu’il est accompagné d’un esprit critique prêt à entrer en opposition en cas de décalage entre les décisions de nos politiques et nos propres convictions. Mais redonner du sens au vote se réapprend. Il faut réapprendre à se considérer comme un être humain, à la fois fort avec les autres et faible dans son individualité indivisible, qui peut être fier tout en restant humble.

Le chemin de l’indépendance est parcheminé d’embûches, la route est chaotique mais la destination fait rêver. Les chevaux sont attelés et il est urgent de monter en voiture. En route !!

Photo d’en-tête : source Wikimedia

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Lullykutty d’Ekta Parishad en conférence à Quimper https://archipel.foodpath.eu/2012/03/30/lullykutty-dekta-parishad-en-conference-a-quimper/ Thu, 29 Mar 2012 23:50:21 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=37

De retour dans les réalités de l’Inde. Lillykutty est là, petite, belle d’une énergie incroyable. Elle représente pour l’occasion autant Ekta Parishad (“Forum de Unité”) que Ekta Mahila Manch, sa branche féminine.

Son témoignage est clair. En 2012, la Jan Satyagraha sera sous le signe de la tragédie réelle : “Agissez ou mourrez !” Elle regroupera 24 état du sous-continent Indien et 100.000 marcheurs… pour une simple demande d’application de la loi.

Les violences ordinaires vécues en Inde sont clairement transposables ici en Bretagne et en Europe… même si les conséquences ne sont, ici, pas encore aussi dramatiques. Nous vivons bien là un renversement du paradigme de la Solidarité Internationale : nous avons besoin des pays du Sud pour nous réapprendre la solidarité, la force de la contestation et de la défiance politique.

La Jan Satyagraha sera une grande marche pour l’humanité. Nous sommes fiers de nous préparer à y apporter notre pierre, entre autres… en espérant que cette expérience permette d’endiguer la situation de Quimper, de Notre-Dame des Landes, ou de Dijon où l’on a pu voir ce début de semaine des bulldozers détruire des espaces maraîchers défendus depuis des années par des citoyens qui demandaient le dialogue…

Avec cette rencontre de  Lillykutty organisée par Peuples Solidaires et la présentation du projet au même moment à la Maison des Citoyens du Monde à Nantes, à l’occasion d’un événement qu’ils vont proposer début 2013 sur l’Inde, nous hissons la grand-voile, cap plein Est vers l’Archipel des Non-Violences.

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