Démocratie – L'Archipel des Non-Violences https://archipel.foodpath.eu Confronter nos représentations des non-violences, en particulier sur l'alimentation et l'accès à la terre Tue, 30 Jun 2015 12:41:34 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7.19 Quand le peuple réclame son droit… https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/ https://archipel.foodpath.eu/2012/07/02/quand-le-peuple-reclame-son-droit/#comments Mon, 02 Jul 2012 18:55:22 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=655 Soulèvement d’un village. Production de riz. Invasion de moustiques et chômage. Répression policière disproportionnée. Jeunes en fuite dans un maquis.

Ce sont ces informations de l’article de Souad Guennoun, membre d’Attac Maroc, qui nous amène à prendre la route vers Chlihat, entre Larache et Ksar El Kebir. Contrairement à ce que nous avons pu observer lors de nos précédentes « balades de campagne », la route est en excellent état : c’est ce qu’il faut pour acheminer la production de “Ribera del arroz”, une société agricole qui produit 60% de la consommation nationale de riz et qui vend également sur le marché international. Nous traversons la forêt d’eucalyptus où se trouvent encore réfugiés quelques jeunes du « douar » (le village en arabe dialectal).

Devant la mosquée de Chlihat (source: Souad Gennoun)

Arrivée dans le village. Nous faisons un premier arrêt  à la mosquée pour retrouver les personnes qui nous accueillent. Aujourd’hui vendredi, c’est le jour de la « jamaa », de la prière, et la mosquée  se transforme en peu de temps en lieu de rassemblement. Après quelques salutations, nous repartons vers l’épicerie du village où nous retrouvons Salim. Les deux pieds nus dans la terre et une pelle à la main, il finit de déblayer l’entrée de son épicerie saccagée la semaine passée. Plusieurs jeunes hommes sont réunis autour de lui, le silence est de mise et les regards scrutent le sol. Ils improvisent un salon et nous font asseoir. Nous faisons connaissance autour d’un verre de Fanta et de quelques banalités. Salim nous rejoint. Il commence à nous raconter son histoire à peine l’installation faite.

Des lacrymogènes périmés et autres munitions

Tout a commencé il y a quatre semaines, c’était un jeudi, jour de souk. Les villageois s’étaient rassemblés devant l’entreprise agricole qui les embauchait quelques années auparavant. Auparavant, c’est-à-dire avant de produire du riz, culture qui nécessite peu de main d’œuvre et où les traitements aux pesticides se font par avion (ils cultivent 4500 Ha de riz autour du douar)… Ils font face à la bande de terre de 150m de large sur 10km de long qui est censée les protéger des moustiques, arrivés avec les rizières, et leur fournir des terres alimentaires, une sorte de “zone tampon” entre l’entreprise et le douar.

Trois jeudis et trois mobilisations plus tard, voyant que les villageois tiennent bon, l’entreprise change radicalement le ton. Armés de canons à eau irritante propulsée à 30bars (la limite internationale étant de 25bars) et de gaz lacrymogène périmé, les policiers et les soldats assiègent le village et en font fuir ses habitants. Tirs de lacrymo probablement à bout portant, menaces de viols sur les femmes, agressions sexuelles, saccage et pillage des maisons et de l’épicerie (seul commerce du douar).

Quand Salim nous dresse le bilan du jeudi 14 juin, c’est la tête dans les mains, reprenant son souffle à chaque traduction, qu’il nous énumère : quatre fausses couches, un jeune homme qui a perdu son œil, plusieurs blessures par balle en caoutchouc à la tête et aux jambes, une centaine de jeunes en fuite, dont certains jusqu’à l’autre bout du Maroc pour éviter d’être retrouvés par la police. Quand nous lui demandons, après quelques secondes qui paraissent une éternité mais dont nous avons besoin pour encaisser le choc de l’annonce, jusqu’où cette lutte peut les mener, il répond sans hésiter mais sans pouvoir réprimer une foule d’émotions : « Jusqu’à la mort ».

Le silence s’abat de nouveau sur nous, jusqu’à ce que Salim se lève : “Allez, on va faire vous montrer les terres et l’entreprise, pour que vous vous rendiez compte. Après, on mange le couscous ensemble !”. Nous nous exécutons, entre gêne et soulagement.

Au grand air, nous respirons à nouveau. Nous montons en voiture avec quelques jeunes qui nous guident vers la « zone tampon ». C’est là que plusieurs personnes nous racontent leur version du 14 juin, ce que chacun d’entre eux a vécu. C’est aussi là que chacun ramène les reliques de la bataille, douilles de lacrymo et de balles en caoutchouc en tous genres. Contrairement au douar, l’immense plaine est balayée par le vent, et chaque rafale est une claque… à l’image de cette petite fille qui s’approche de nous avec son frère, trois restes de lacrymo dans la main gauche.

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Derrière les portes des serres d’Agadir https://archipel.foodpath.eu/2012/06/25/derriere-les-portes-des-serres-dagadir/ Mon, 25 Jun 2012 10:40:36 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=557 Nous apprenons avec deux heures de délai que la direction de Bio Prod (nom modifié, NDLR), une grande société agricole de la Plaine du Souss, près d’Agadir au Maroc, est d’accord de nous ouvrir ses portes. L’occasion est trop exceptionnelle pour la rater. La rencontre avec le directeur financier doit se faire dans les locaux administratifs de la société agricole, dans la plaine du Souss. Celle-ci a été décidée la veille au soir avec Hamid Mahndi, représentant syndical local pour la FNSA/UMT, et nous ne l’avons apprise que quelques heures avant, le temps de sauter dans deux “grands taxis” direction Aït Amira pour 1h30 de trajet.

L'allée fleurie de Bio Prod

Entre la bourgade et les locaux, la mobylette de Hamid slalome entre les nids de poule : les routes sont en mauvais état. Sur les côtés, de très nombreux bâtiments sont à peine entamés, les parpaings défoncés ont à peine été scellés entre eux, les toits sont souvent inexistants. Arrivés devant les grilles de l’entrée, un garde en uniforme nous accueille. L’autorisation lui est donnée, nous entrons. De chaque côté, d’impressionnantes serres de cultures hors-sol, encadrées là encore par des grillages… mais sur lesquels poussent des plantes grimpantes florales multicolores.

Au bout de la route, nous arrivons aux locaux administratifs de Bio Prod, en face de la station de conditionnement. Belle double-porte en bois, suivie de portes en verre de l’autre côté du sas. À l’intérieur, tout l’équipement d’une entreprise européenne moderne : climatisation, photocopieur, bureaux vitrés… seules la présence de photos du Roi (dont une reprenant son passage dans l’entreprise quelques mois plus tôt), ainsi que celle du personnel d’entretien que nous croisons très souvent dans ces locaux brillants, nous rappelle que nous sommes au Maroc.

Journalistes et méfiance de la direction

L’accueil est chaleureux, pourtant M. El Ghildi (nom modifié, NDLR), le directeur, est méfiant : il nous demande notre accréditation de l’État nous permettant d’exercer la profession sur le territoire Marocain. Nous lui expliquons notre refus de cette démarche par notre volonté de garder une liberté de ton. Il nous demande aussi de ne pas citer le nom de son entreprise et d’essayer de donner une belle image de son pays. M. El Ghildi semble être, avant toute chose, un vrai patriote. Selon lui, il faut que les Marocains aient de l’espoir dans l’avenir de leur pays au lieu de rêver d’une Europe mirifique. Il y a de l’emploi et du travail ici, au Maroc, et des sociétés comme Bio Prod sont de gros employeurs.

Les ouvriers de Bio Prod

Il explique nous que sa société tend vers une situation où chaque ouvrier aura un contrat de travail écrit. Ils paient chacun d’entre eux au moins au SMAG (salaire minimum agricole, 60 Dh / 6 € par jour, 48h par semaine) et respectent le nouveau code du travail de 2004. Ils facilitent également l’accès aux heures supplémentaires aux ouvriers qui souhaitent augmenter leurs revenus.

Hamid Mahndi (du syndicat FNSA/UMT) et M. El Ghildi semblent travailler ensemble à une amélioration des conditions des ouvriers. C’est cette particularité qui fait de Bio Prod une société agricole intéressante. Selon son directeur, le rôle du syndicat de Hamid est essentiel dans la vie de l’entreprise : c’est lui qui permet la médiation entre l’entreprise et ses ouvriers. Et pour M. El Ghildi, il est très important pour l’activité de Bio Prod de conserver ses salariés le plus longtemps possible, qu’ils puissent monter en compétence, en savoir-faire. C’est ce que le dialogue et la confiance entre direction et syndicat doit garantir. Hamid acquiesse.

Bio Prod travaille donc à améliorer les conditions de vie des ouvriers sur les sites de production en reconstruisant à neuf des lieux de vie intégrés (mais restant ouverts, ce qui n’est pas toujours le cas, refusant juste “la présence d’alcool, de femmes et de drogue”), en mettant en place des programmes de soutien scolaire spécifiques pour les enfants de ses ouvriers, en essayant de trouver des solutions aux questions de transports du personnel très prégnantes dans la région où de nombreux accidents graves ont lieu chaque semaine. Si ces efforts sont annoncés à visée philanthropique, c’est aussi parce que la qualité de la production de Bio Prod, et donc de ses débouchés, en dépend, en particulier sur le long terme.

Vue d'ensemble des logements
Salle de bain et toilettes collectifs
Une chambre à coucher type pour les ouvriers
La cuisine collective

Bio Prod

Si Bio Prod peut faire figure de modèle social dans la Plaine du Souss, c’est peut-être parce qu’elle ne cible pas les mêmes marchés que la plupart de ses concurrents. Alors que ces derniers visent le plus souvent les marchés d’Europe du Sud, Bio Prod vise quant à elle l’export vers les pays du Golfe et vers l’Europe du Nord, en cherchant avant tout la qualité et donc les produits à forte valeur ajoutée. De cette manière, son poste de dépense le plus important devient la logistique et les transports, là où c’est la main d’œuvre qui coûte le plus ailleurs… Cela explique certainement leur capacité économique plus importante à répondre aux attentes sociales des ouvriers.

Des craintes

Une grande frayeur pour Bio Prod, selon M. El Ghildi, a été (et est toujours d’une certaine manière) la force de la Révolution Arabe Marocaine, dite “Mouvement du 20 Février”. Dans la Plaine du Souss, elle s’est principalement traduite par des constructions anarchiques d’habitations qui ne seront, pour ainsi dire, jamais finies. Pour autant, ces événements ont fait et font encore trembler les serres des environs sur leurs pieds d’argile.

Une plaine où poussent maisons et serres de plastique et de béton
C'est dans cette Plaine désertique que poussent maisons et serres de plastique

Autre grande inquiétude, ici comme dans les populations des villages alentours: l’eau. La nappe phréatique baisse chaque année. C’est sur l’innovation technologique que Bio Prod mise pour maîtriser ce risque : désalinisation d’eau de mer (à base d’énergie fossile), récupération de rosée matinale, techniques de cultures hors-sol récupérant jusqu’à 40% de l’eau du système… et possibilité de puiser dans le barrage situé à quelques kilomètres pour ne plus dépendre, comme c’est le cas dans les villages, que des puits devant être de plus en plus profonds.

Optimisation

Dans les serres de Bio Prod, l’optimisation est le mot d’ordre : optimisation des compétences, optimisation des ressources, optimisation de la qualité, optimisation des intrants (les produits phyto-sanitaires et autres engrais sont récupérés avec l’eau du système, introduction de la lutte intégrée)… Mais le manque d’eau, la dépendance au pétrole et au marché agricole global fragilisent ce modèle. Les contrastes, dans la plaine du Souss, sont vraiment très forts. L’espoir cohabite avec un certain fatalisme ; l’intégration verticale avec un milieu social souvent très précaire et un milieu naturel très fragile.

Ouvrir les politiques agricoles à l’alimentation

Dans tous les cas, les autoroutes et les ports du Sud de l’Europe continueront à voir défiler des tomates, des courgettes, des haricots et autres poivrons “Origine Maroc” aussi longtemps que les ouvriers agricoles qui les produisent ne revendiqueront pas une vie décente, aussi longtemps que le pétrole permettra la production et le déplacement de denrées alimentaires à si bas coût, aussi longtemps que le réchauffement climatique induit par ces modèles n’aura pas asséché le dernier puits, aussi longtemps que nous n’ouvrirons pas, partout, les politiques agricoles à l’alimentation afin d’en faire une question démocratique centrale, depuis sa localité avec ses voisins jusqu’aux règles du commerce international. Sur cette échelle macro-économique, où se situe Bio Prod ? Produit d’un modèle ou modèle de produits ? Et ce faisant, produit ou producteur ?

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Halal ou haram, tri culturel entre tradition et progressisme https://archipel.foodpath.eu/2012/06/23/halal-ou-haram-tri-culturel-entre-tradition-et-progressisme/ Sat, 23 Jun 2012 12:31:42 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=605

Dans un pays où l’effigie de la Vache qui Rit fait de la concurrence à la typographie arabisée de Coca Cola et où aller manger à Mc Donald’s est un signe extérieur de richesse, de valorisation sociale, il est difficile d’imaginer ce à quoi ressemblerait la démocratie “à la marocaine”… Si l’on s’entend sur le fait qu’une démocratie est un fonctionnement politique dans lequel les orientations et les décisions qui en découlent appartiennent au peuple, quels pourraient donc être les choix de ce peuple qui regarde vers l’Occident économiquement et vers l’Orient culturellement ? Et si l’on considère que, plus que jamais au cours de son Histoire, la démocratie est aux portes du Maroc, de quelle démocratie les citoyens de ce pays veulent-ils ? Quels sont les rêves et les modes de vie des jeunes, dont les moins de 27 ans composent la moitié de la population ?

Manifestation du 20 Février le 24 juin 2012 à Rabat

Entre nostalgie des tajines et boulimie de pizzas à grignoter devant la télé écran plat, entre conservatisme enraciné et progressisme affiché, le cœur des jeunes Marocains rencontrés à Casablanca balance. La tradition, dont les jeunes actifs aimeraient, selon leurs dires, des fois bien se passer pour réaliser leurs rêves « à l’occidentale », est bien présente. A la fois repère culturel et poids institutionnel, la tradition est à l’image de ce nouveau gouvernement islamique « élu démocratiquement » (d’après des sources informelles, par 20% de la population s’étant déplacée dans les urnes) qui jongle avec plus ou moins de succès entre renforcement de l’identité musulmane et développement libéral, entre retour à des valeurs rassurantes par rapport au contexte post-révolution et volonté de grandeur dans la cour des “grands” de la mondialisation.

L'entrée fermée du Palais Royal de Fès

L’ambiguïté politique est à l’image de ces jeunes couples qui se tiennent par la main dans la rue, la femme a les cheveux à l’air et une tenue décontractée, mais qui sont mariés pour pouvoir le faire. A l’image aussi du poids des familles sur le quotidien de ces jeunes, à la fois soutien dans un pays en crise où les jeunes ont des difficultés à acquérir leur indépendance financière ; mais aussi pression dans le lobbying qu’ils exercent sur les choix de vie de leurs enfants. Choix d’études, du partenaire de vie ou du lieu d’habitation passent par la bénédiction plus ou moins tacite de cette famille « toujours là pour ses enfants ». A l’image enfin de ce Roi dont on a essayé de renverser le pouvoir sans renverser la fonction. Ce Roi auquel on tient, qui fait consensus, à tel point que peu de Marocains, même les plus révolutionnaires d’entre eux, n’imaginent un changement de régime vers une république [1]. Ce Roi qui vole son peuple, ce Roi au-dessus des lois, ce Roi qui a le dernier mot sur les décisions politiques prises par le gouvernement et qui blasphème les principes du Coran [2] ; ce Roi est aux yeux des Marocains le garant de la pérennité du pays. Qu’on ait peur de l’islamisation radicale ou qu’on veuille une monarchie parlementaire, les raisons sont nombreuses pour le plébisciter mais elles aboutissent toutes au même constat : pas de Maroc sans son Roi.

Ce balancement ressemble même parfois davantage à de la schizophrénie : comment lutter contre le clientélisme et la corruption, à plus grande échelle contre le système, lorsque l’on accepte de manger des tomates d’Agadir ? Ces tomates qui sont le symbole de la relation néocolonialiste entre le Maroc et l’Europe du fait que les souks ne sont approvisionnés que par les rebuts de production. Ils achètent au marché des tomates « made in maroc » qui n’ont pas le goût de leur terre et qui, comble du comble pour un pays méditerranéen, ne sont même pas mûres. Comment lutter contre le système qui enrichit le Roi et sa holding lorsqu’on achète une bouteille de Coca tous les jours ? Comment lutter contre la corruption lorsqu’on consomme des produits tout droit sortis du marché de gros, qui sont passés par toute une série d’intermédiaires ?

Que de questions que soulève notre séjour marocain, des questions que nous posons sans donner de réponse. Tout comme au souk lorsque nous faisons nos courses, nous regardons partout autour de nous. Nous nous amusons de reconnaître les fruits et légumes que l’on connaît comme nous nous amusons de retrouver les fonctionnements de groupes dans les réunions politiques auxquelles nous assistons. Nous nous arrêtons aux étals pour poser des questions dès que nous tombons sur une herbe, une épice inconnue ou un « objet non identifiable », dès que, lors d’une discussion militante, nous sentons que nous manquons d’informations, que nous ne maîtrisons pas tous les tenants et les aboutissants de la situation. Qu’on nous donne des conseils de cuisine ou qu’on nous raconte l’histoire du Maroc, qu’on nous vende des produits miracles ou qu’on tente de nous faire croire à la linéarité des événements, notre présence suscite à chaque fois la curiosité. Curiosité sympathique lorsque nous faisons la cuisine en pleine rue, à même le sol ou lorsque nous partageons des anecdotes militantes, curiosité mêlée de méfiance dès que nous franchissons les portes des zones touristiques, ou celles des conseils perçus comme du paternalisme, les unes comme les autres tout aussi invisibles, à l’image des impairs culturels.

Manifestation du 20 Février le 24 juin 2012 à Rabat

Difficile de se placer dans cet espace en transition, difficile de dissocier le politique du culturel, tout autant sûrement que de dissocier le politique de l’économie tel que le revendique le mouvement du 20 Février. Aussi difficile que de manger un couscous un autre jour que le vendredi ou de trouver des tomates “beldi” (paysannes)…

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Festival de Fès, Maroc : Une âme pour la mondialisation ? https://archipel.foodpath.eu/2012/06/12/une-ame-pour-la-mondialisation/ Tue, 12 Jun 2012 20:12:54 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=510

Le Festival de Fès avec le soutien de l'Ambassade de France au Maroc

Du 9 au 13 juin s’est tenu le forum “Une âme pour la mondialisation” en lien avec le Festival international des musiques sacrées de Fès, au Maroc. Le forum avait pour objectif d’interroger les sphères politiques et économiques à travers le prisme de la spiritualité. Il s’agissait, selon les termes des organisateurs, de “réenchanter le monde”. Rappelons tout de même que Fès est la capitale spirituelle et culturelle du Maroc et que les islamistes du PJD (Parti de la Justice et du Développement), à la tête du gouvernement élu depuis quelques semaines, mènent une politique de réformes libérales teintées de morale religieuse.

Quelle goutte fait déborder quel vase ?

Véronique Rieffel, Abdou Hafidi, Bariza Khiari, Faouzi Skali

A cette occasion, nous avons retourné la question démocratique – jusque là vue à travers la rue et les mouvements sociaux – pour la poser du point de vue des élites culturelles et économiques du Maroc, expatriées comme “du cru”… le tout en langue française. Deux tables rondes rejoignaient plus particulièrement les réalités politico-sociales auxquelles est confronté le Maroc : “Quel avenir après les Printemps arabes ?” et la question de la “Crise financière ou crise de civilisation ?”.

Les débats ont été ponctués de réflexion de fond mais c’est la constance de la stratégie d’évitement qui a retenue notre attention. On se souviendra par exemple de Tariq Ramadan, professeur à l’université d’Oxford et philosophe, pour sa fine distinction entre les notions d’Etat et de Nation mettant à jour les situations d'”étrangers de l’intérieur” qui se développent en Occident… alors que, dans le contexte, la question semblait porter tout autant sur les rapports entre peuples et états dans les pays arabo-musulmans.  D’autre part, lorsque les invités ont évoqué les Printemps arabes, ils ont volontiers cité la Syrie, la Libye, la Tunisie ou l’Egypte (et même le Printemps érable du Québec), mais il n’a été fait aucune allusion au Printemps Marocain du 20 février. L’ancien président de l’AMDH (Association Marocaine des Droits Humains), Driss El Yazami, s’est même flatté de la liberté d’expression des artistes dans le monde arabe, en particulier des rappeurs, en oubliant de préciser qu’au moins deux d’entre eux sont à ce jour en prison au Maroc. Il faudra attendre une intervention isolée dans la salle pour que le sujet présumé consensuel de l’expression artistique au sein des révolutions soit officiellement remisé. Seul le sujet de la place des femmes dans la société aura finalement traité des réalités de la vie marocaine, publiques comme privées, par les voix de la sénatrice de Paris Bariza Khiari (PS) et de l’ambassadrice itinérante du Maroc Assia Alaoui Bensalah.

Tariq Ramadan et Assia Alaoui Bensalah

“On n’invente rien sans faire l’inventaire”

(Aragon, cité en introduction d’un des forums)

Entre les questionnements et les pistes de réflexion, nous avons pu remarquer une envie d’écrire et de s’approprier l’Histoire. Quand Abdou Hafidi, présentateur sur France 2, décrit l’immolation de Mohammed Bouazizi en Tunisie en décembre 2011, c’est en y lisant parfaitement et par avance l’étincelle de la révolution tunisienne; jusqu’à prêter au désespoir de cet homme l’intention de soulever les foules. Et lorsque les invités abordent la crise financière et économique mondiale, tout le monde est d’accord pour dire qu’il l’avait vue venir. Ce n’est pas qu’ils fassent référence aux émeutes de la faim de 2008 causées par la spéculation sur les matières premières, mais plutôt par l’immoralité et le manque de spiritualité du système actuel. N’oublions pas que l’usure est autant péchée que haram (illicite en islam).

Tariq Ramadan en discussion avec Pierre Laffitte (Sofia Antipolis). Faouzi Skali, Directeur du Festival, en arrière plan

Le politique-ment correct

Sous couvert de spiritualité, les débats du forum ont davantage montré la bienséance des discours et mis en valeur une volonté de préserver les élites du système. Il n’y a qu’à voir le prix de l’entrée, 100 Dh (10 €), une bagatelle pour un Français moyen mais déjà une petite fortune pour beaucoup de Marocains. Réformer, c’est donc intégrer tous les éléments qui pourraient le remettre en cause afin d’en garantir la sécurité… le meilleur de la classe étant le Roi du Maroc qui a récupéré aux yeux de l’opinion publique marocaine et internationale les vagues de contestation contre le despotisme de son régime. Et au forum du Festival de Fès, la classe dominante s’en gargarise et l’épaule comme il convient.

Le politique-ment (par omission) correct reste halal.

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Le Peuple veut la fin du Système ! https://archipel.foodpath.eu/2012/06/11/le-peuple-veut-la-fin-du-systeme/ Sun, 10 Jun 2012 22:30:06 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=503

Liberté, dignité, égalité sociale : c’est au rythme de ce slogan que s’élève la colère populaire contre le Maghzen, “le Système”. C’est ce slogan qui a fait se rassembler des centaines de milliers de personnes au printemps 2011 dans des centaines de villes marocaines, qui a fait peur au Roi jusqu’à lui faire dire qu’il avait “entendu la rue” ; celui pour lequel plusieurs personnes ont purgé et purgent encore des peines de prison. La démocratie vit à travers lui parce que le peuple l’incarne.

Ce slogan fait résonner notre devise républicaine : en son temps incarné, il est aujourd’hui gravé sur les frontons de nos institutions, tombeaux de nos citoyennetés. A quoi font donc écho ces trois mots ? Ils ont été vidés de leur sens par les lois successives visant à réduire les libertés (atteintes à la liberté de circulation, d’expression, de rassemblement…), à ringardiser l’égalité sociale et à se méfier de la fraternité entre les individus et les peuples.

Ici, le système est clairement identifié par rapport aux pouvoirs du Roi autour desquels se construit l’échiquier politique. Le Maghzen se définit en trois sphères de pouvoir : politique, où l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont aux mains du Roi ; économique, dont les rennes sont tenues par les capitaux et les holdings du Roi [1] ; religieux, dont le chef des croyants est le Roi. Lutter contre cette concentration des pouvoirs c’est agir pour les dissocier et donc pour faire sortir l’économie du politique. Ce faisant, le citoyen retrouve sa capacité à inter-agir sur la sphère politique, à dialoguer avec ceux qui établissent les règles du vivre-ensemble.

Quand des individus sont capables de s’inscrire collectivement dans des initiatives citoyennes, c’est à ce moment qu’une société est vivante. A l’inverse, quand une société n’accepte plus que ces initiatives remettent en question les règles qu’elle a établies, c’est à ce moment qu’elle se meure… et qu’une nouvelle voit le jour. Car enfin, si ce n’est pas le Peuple qui écrit l’Histoire, c’est lui qui la fait. Que l’on passe d’un “vive le Roi”, à un “vive le Peuple”.

Alchaâb yourid isqat nedam !
Le Peuple veut la fin du Système !

[1] Courrier International : Mohammed VI, un roi en or massif, du 7 juillet 2009

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Ils pourront couper toutes les fleurs, ils ne pourront pas empêcher l’arrivée du printemps. https://archipel.foodpath.eu/2012/06/02/ils-pourront-couper-toutes-les-fleurs-ils-ne-pourront-pas-empecher-larrivee-du-printemps/ https://archipel.foodpath.eu/2012/06/02/ils-pourront-couper-toutes-les-fleurs-ils-ne-pourront-pas-empecher-larrivee-du-printemps/#comments Sat, 02 Jun 2012 08:20:52 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=462 Le bateau prend l’eau. Ce n’est pas un scoop mais depuis peu, les peuples savent que le monde que leur ont créé leurs dirigeants n’est pas fiable. Ni même viable. Car en effet, il ne s’agit plus de fiabilité quand l’Etat ne garantit plus les moyens de subsistance dont il avait la charge: santé, retraite, emploi, éducation, alimentation, etc. En Grèce, la non viabilité du système est flagrante, elle saute aux yeux… et aux oreilles.

Depuis plusieurs mois, des citoyens grecs par millions, de tous âges et de tous horizons sociaux investissent la rue et les espaces publics pour interpeler ceux qui seraient censés pouvoir agir pour le bien de tous. Mais ceux-là même restent sourds: ils préfèrent gouverner qu’agir, préfèrent le “bien du pays” au bien de son peuple.

S’ils restent sourds, ils n’en ont pas moins de réponse à apporter à la “gronde populaire” – comme ils aiment à la faire nommer dans les media. Face à la légitimité citoyenne, ils brandissent des lois pour “maintenir l’ordre public”: interdiction de se rassembler, censure des media, internement de militants politiques, etc. Si cela vous rappelle vos cours d’histoire, essayez donc de retrouver ceux de géo: printemps arabes au Maghreb, en Egypte, au Yemen, au Bareïn, en Syrie et en Lybie, mouvements d’occupation “Occupy” aux USA, des Indignados dans divers pays d’Europe, printemps érable au Canada.

Face à la mondialisation de leur système de pensée se lève peu à peu celle de la marginalisation. Ils investissent les places publiques sans violence, ne permettant pas aux dirigeants de légitimer leur action de répression. L’opinion publique s’embrase face aux bavures policières et aux dénis de démocratie des politiques. Pour éviter toute remise en question, ces derniers communiquent pour mieux continuer. Ils jouent sur les mots pour faire passer les militants écologistes pour des éco terroristes et des désobéissants pour des délinquants. Des délinquants dont on prend l’ADN. Il y en a même, parmi ces politiques, qui n’hésitent pas à avouer rechercher le gène de la délinquance (pas besoin de les nommer, ils se reconnaîtront eux-mêmes).

Pour un monde propre, tellement propre qu’il en sera aseptisé, tellement aseptisé que les rapports humains seront codifiés, tellement codifiés que l’humanité ne sera plus qu’un mot au lieu d’être une réalité. Incarnons cette réalité!

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Appel à la Désobéissance Civile au Québec https://archipel.foodpath.eu/2012/05/24/appel-a-la-desobeissance-civile-au-quebec/ Thu, 24 May 2012 18:20:04 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=453 Dans le cadre du Printemps Érable, le député Québecois Omar Khadir lance un appel à la Désobéissance Civile :

“Je crois que c’est l’ultime réesponsabilité de chaque citoyen de vérifier que toute loi est équitable et juste, qu’elle est raisonnable, je juge en vertu de mes principes et de ma conscience.”

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Sous le parvis des droits de l’Homme, la honte ! https://archipel.foodpath.eu/2012/05/21/sous-le-parvis-des-droits-de-lhomme-la-honte/ Mon, 21 May 2012 21:13:01 +0000 http://archipel.foodpath.eu/?p=425
Les Marches Populaires, dont nous vous avions parlé lors du passage de celle de Toulouse dans notre département, se sont retrouvées le samedi 21 avril à Paris. Récit d’un week-end peu ordinaire.

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action

La journée avait pourtant bien commencé, les prévisionnistes de Météo France, à l’instar des instituts de sondages, ont commis quelques inexactitudes; c’est sous le ciel bleu que les Marches d’Angers, Bayonne, Marseille et Toulouse, réunies depuis la veille dans un lieu culturel occupé, ont pris la rue pour rejoindre Châtelet. Une belle réussite en effet puisque cette « manifestive » non déclarée a éclairé les visages sur notre passage et grâce à une organisation auto-gérée, mais sans faille, la préfecture a fini par nous ouvrir la route. Chemin qui nous a conduit tout droit dans les bras des Marcheurs de Lille et des Banlieues, pour des retrouvailles au combien émouvantes. Au programme de l’après-midi : une autre manifestive, déclarée cette fois,et un rassemblement dans les jardins du Trocadéro accordé du bout des lèvres par la mairie de Paris jusqu’à 23h.

Ne nous voilons pas la face, nous avions bien l’intention d’établir un campement de résistance dans les belles allées aseptisées du Champ-de-Mars. Les forces en présence, très certainement informées, nous en ont largement dissuadé… Après quelques hésitations, et pour conserver notre esprit de pacifisme, nous nous sommes donc dirigés vers le lieu autorisé pour y tenir une belle assemblée populaire sur le thème « ils ne nous représentent pas », hautement symbolique en cette veille de mascarade démocratique.

C’est à ce moment précis que l’atmosphère a changé autour de nous. Les renforts de CRS et de gendarmes, cachés en « deuxième ligne » sur le Champ-de-Mars, ont rejoint les compagnies déjà en place. Escortés jusqu’aux jardins sous les yeux éberlués des touristes, nous pensions pouvoir échanger paisiblement sur les sujets qui nous sont chers en partageant une bonne soupe marocaine offerte par un collectif local.

Mais stupéfaction ! L’accès aux jardins, haut lieu du tourisme parisien, nous était bien autorisé, mais vidé de ses habituels promeneurs… Au déploiement des forces de l’ordre visant à nous encercler nous avons compris : l’état ne nous laissera pas planter la démocratie ce jour. Tout les accès ont été verrouillés, il n’y avait, à part pour quelques courageux, aucun moyen de nous rejoindre. Unique constat : 300 personnes encerclées en plein centre ville de Paris, et moi avec. Une Brillante démonstration de force. Mais le pire était encore à venir… Le médiateur, complètement dépassé par des ordres absurdes, nous a informé que nous pourrions sortir par groupe de 6-8 personnes et raccompagnés séparément par des policiers en civils jusqu’à des bouches de métros. Je vous passe les détails mais nous avons été privés de nos libertés fondamentales pendant 4h . Pas d’eau pour s’hydrater, aucun moyen digne pour uriner. Le repas a partager est resté bloqué à 50m de nous. Puis le cordon s’est resserré petit à petit et quasiment aucun déplacement n’est devenu possible. La méthode bien connue de la « bouilloire » nous a été servie à toute les sauces. Il a fallu une auto-gestion exceptionnelle pour qu’aucun débordement, à une exception près, ne soit à déplorer. Nous avons su faire front à la tension que l’on nous imposait. Tension très certainement destinée à provoquer une situation répressible qui aurait justifié une intervention musclée. Nous avons finalement tous été raccompagnés en petits groupes jusqu’aux tourniquets des différents métros par des compagnies de CRS dépitées de devoir être les garants d’une injustice flagrante. Nous signifiant parfois même verbalement leur propre indignation. Ironie du sort, nous avons été parqués quelques mètres en dessous du parvis des Droits de l’Homme.

L’épuisement a été de courte durée. Nous nous sommes réveillés plus motivés que jamais et après un débriefing de la veille, nous avons conclu qu’une petite action clown serait idéale pour illustrer les résultats d’un jour de deuil pour la démocratie. Maquillés et déguisés en clowns tristes, nous avons donc rejoint le siège du parti socialiste, nous comptions faire de même à celui de l’UMP, afin interroger les passants à l’heure du choix entre la peste et le choléra. Une fois encore, nous nous sommes retrouvés encerclés, privés de liberté par 22 policiers pour 16 clowns. Mêmes proportions quand les copains venus nous soutenir nous ont rejoint à l’intérieur du cordon. Encore 3h de privation de liberté et cette fois il n’y avait plus de métro pour nous ramener. Ironie du sort, c’est devant des militants d’un parti dit de gauche que nous avons été parqués. Drôle de week-end je vous le dis!

La préfecture aux ordres d’un état totalitaire a essayé de nous diviser par la répression, dernier outil pour nous empêcher de semer les possibles. Nous en sortons renforcés et unis plus que jamais. Au cœur de cette dictature constitutionnelle qu’est devenue le pays des Droits de l’Homme, j’en appelle à l’insurrection populaire et pacifique. Un peuple uni jamais ne sera vaincu !

J.G., le 24 avril 2012 pour Le Lot en Action

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Aujourd’hui est l’avant-veille d’un épisode électoral qu’on nous présente comme majeur. D’un côté on agite les drapeaux de l’horreur sociale, de l’autre ceux du gouffre financier global : nous sommes obligés de choisir entre l’un des deux sous peine de devenir schizophrènes. Et si l’on souhaite creuser, dépasser les clivages des discours de nos politiques, on se rend compte en effet rapidement compte que, de toute manière, il ne s’agit que d’un désir de conquête électorale, et que les vrais leviers sont tirés ailleurs.

Ainsi, alors que les situations mondiales, nationales et locales exigeraient de la démocratie toute sa puissance collective, la politique des jeux électoraux réduit le débat à ses propres préoccupations : comment rester parmi les puissants. Elle donne à croire que, comme on peut le lire parfois, le citoyen ne peut exister qu’en donnant son consentement… lorsqu’il se place dans la servitude volontaire, comme le soulignait Étienne de la Boétie au 16e siècle. Naturellement, ce type de communication est institutionnelle, pilotée par des politiciens pour garantir leur position : garder son portefeuille, sa légitimité, sa popularité bien rangés et repassés. Ces fonctionnements ont directement pour objet inavouable de tuer la République, la Res Publicae, la chose publique.

Je vote donc j'existe, Quimper début 2012, source: Penhars Info

Pour garantir cette domination de la République, l’État des élus professionnels s’arroge normativement le monopole de la violence. Il fait équiper la Police, la sur-protège en transformant petit à petit son rôle de la prévention à la répression, du maintien de la paix à la force de l’ordre, de ses missions au service du peuple à celui de l’oligarchie. Oui à la liesse populaire, mais ne traversez pas la route en dehors des clous ! S’il vous plaît…

Dans ce contexte particulièrement propice au “syndrome du larbin“, il s’agit donc d’offrir à l’électeur une voie de facilité, une cascade dans la roche pour guider le cours du ruisseau : il est tellement plus facile et confortable de rester sur la voie tracée par les dominants que tout le monde s’y précipite. On nous dit que nous sommes individuellement faibles, et qu’il faut tirer sa propre épingle du jeu ? On nous laisse à penser que nous sommes libres de nous exprimer, mais ce n’est pas ce qui se traduit dans la réalité lorsque l’on voit le traitement des discours qui sortent des prés carrés de la pensée dominante. Qui aurait envie de sortir du pré pour affronter cela ? Mieux vaut encore se réjouir de la liberté qu’on y trouve à l’intérieur et continuer à brouter paisiblement. Cela rend l’appropriation du stigmate de l’impuissance aisée et nous pousser à s’interdire l’expression de toute opinion qui sortirait des bienséances. Nous ne sommes pas loin de la soumission à l’autorité telle que décrite par Milgram, et les zigzags qui mène une nation au totalitarisme “démocratique”.

Pour autant, se réapproprier le Politique sera un passage obligé pour reconquérir sa citoyenneté. Et cette réappropriation passe par l’action : se rendre acteur de sa citoyenneté, de ses choix, pour aujourd’hui et pour demain. Un bulletin de vote est un acte, tant qu’il est accompagné d’un esprit critique prêt à entrer en opposition en cas de décalage entre les décisions de nos politiques et nos propres convictions. Mais redonner du sens au vote se réapprend. Il faut réapprendre à se considérer comme un être humain, à la fois fort avec les autres et faible dans son individualité indivisible, qui peut être fier tout en restant humble.

Le chemin de l’indépendance est parcheminé d’embûches, la route est chaotique mais la destination fait rêver. Les chevaux sont attelés et il est urgent de monter en voiture. En route !!

Photo d’en-tête : source Wikimedia

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