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Démocratie Présidentielle ?

Aujourd’hui est l’avant-veille d’un épisode électoral qu’on nous présente comme majeur. D’un côté on agite les drapeaux de l’horreur sociale, de l’autre ceux du gouffre financier global : nous sommes obligés de choisir entre l’un des deux sous peine de devenir schizophrènes. Et si l’on souhaite creuser, dépasser les clivages des discours de nos politiques, on se rend compte en effet rapidement compte que, de toute manière, il ne s’agit que d’un désir de conquête électorale, et que les vrais leviers sont tirés ailleurs.

Ainsi, alors que les situations mondiales, nationales et locales exigeraient de la démocratie toute sa puissance collective, la politique des jeux électoraux réduit le débat à ses propres préoccupations : comment rester parmi les puissants. Elle donne à croire que, comme on peut le lire parfois, le citoyen ne peut exister qu’en donnant son consentement… lorsqu’il se place dans la servitude volontaire, comme le soulignait Étienne de la Boétie au 16e siècle. Naturellement, ce type de communication est institutionnelle, pilotée par des politiciens pour garantir leur position : garder son portefeuille, sa légitimité, sa popularité bien rangés et repassés. Ces fonctionnements ont directement pour objet inavouable de tuer la République, la Res Publicae, la chose publique.

Je vote donc j'existe, Quimper début 2012, source: Penhars Info

Pour garantir cette domination de la République, l’État des élus professionnels s’arroge normativement le monopole de la violence. Il fait équiper la Police, la sur-protège en transformant petit à petit son rôle de la prévention à la répression, du maintien de la paix à la force de l’ordre, de ses missions au service du peuple à celui de l’oligarchie. Oui à la liesse populaire, mais ne traversez pas la route en dehors des clous ! S’il vous plaît…

Dans ce contexte particulièrement propice au “syndrome du larbin“, il s’agit donc d’offrir à l’électeur une voie de facilité, une cascade dans la roche pour guider le cours du ruisseau : il est tellement plus facile et confortable de rester sur la voie tracée par les dominants que tout le monde s’y précipite. On nous dit que nous sommes individuellement faibles, et qu’il faut tirer sa propre épingle du jeu ? On nous laisse à penser que nous sommes libres de nous exprimer, mais ce n’est pas ce qui se traduit dans la réalité lorsque l’on voit le traitement des discours qui sortent des prés carrés de la pensée dominante. Qui aurait envie de sortir du pré pour affronter cela ? Mieux vaut encore se réjouir de la liberté qu’on y trouve à l’intérieur et continuer à brouter paisiblement. Cela rend l’appropriation du stigmate de l’impuissance aisée et nous pousser à s’interdire l’expression de toute opinion qui sortirait des bienséances. Nous ne sommes pas loin de la soumission à l’autorité telle que décrite par Milgram, et les zigzags qui mène une nation au totalitarisme “démocratique”.

Pour autant, se réapproprier le Politique sera un passage obligé pour reconquérir sa citoyenneté. Et cette réappropriation passe par l’action : se rendre acteur de sa citoyenneté, de ses choix, pour aujourd’hui et pour demain. Un bulletin de vote est un acte, tant qu’il est accompagné d’un esprit critique prêt à entrer en opposition en cas de décalage entre les décisions de nos politiques et nos propres convictions. Mais redonner du sens au vote se réapprend. Il faut réapprendre à se considérer comme un être humain, à la fois fort avec les autres et faible dans son individualité indivisible, qui peut être fier tout en restant humble.

Le chemin de l’indépendance est parcheminé d’embûches, la route est chaotique mais la destination fait rêver. Les chevaux sont attelés et il est urgent de monter en voiture. En route !!

Photo d’en-tête : source Wikimedia

2 replies on “Démocratie Présidentielle ?”

La réalité est souvent une pilule difficile à avaler, mais bon, il faut tout de même le mettre en avant…

Voici un article sur Le Post, qui, grâce à un peu multiplications et divisions, traite de la légitimité d’une éléction présidentielle :

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2011/02/15/2406462_sarkozy-a-ete-elu-par-moins-de-42-des-francais-susceptibles-de-voter.html

Je pense que sur cette base, nous sommes facilement en mesure de dire que le poste de président n’est en aucun cas légitime.
Cela me renforce également dans ma position pour dire qu’il ne faut en aucun cas attendre de leur part pour améliorer les choses.
Faisons le à leur place!
La légitimité… C’est nous !

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